La sculpture de Henry Moore sera bien vendue

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 9 novembre 2012 - 525 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [09.11.12] – Le conseil municipal de Tower Hamlets (Grand Londres) a scellé mercredi soir, le sort de « Draped Seated Woman » : la sculpture de Henry Moore sera vendue. La décision – justifiée par la nécessité d’amortir l’impact des coupes budgétaires imposées par le gouvernement – est loin de faire l’unanimité.

Malgré l’activisme de nombreux opposants rangés derrière quelques personnalités phares du monde de la culture, tels le réalisateur Danny Boyle, le directeur de la Tate Nicholas Serota et la fille du sculpteur Mary Moore, le conseil municipal de Tower Hamlets (Grand Londres) a tranché : la Draped Seated Woman en bronze du sculpteur britannique (baptisée Old Flo) sera vendue et donc enlevée du Yorkshire Sculpture Park où elle réside depuis 15 ans. Une « décision difficile » et regrettable certes, mais nécessaire : « J’ai le devoir de préserver mes administrés des coupes budgétaires drastiques qu’on nous impose », a justifié le maire de Tower Hamlets Lutfur Rahman, tout en affichant un objectif pour le moins ambitieux : réaliser 100 millions de livres d’économies d’ici à l’horizon 2015.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. « La décision témoigne de l’étroitesse d’esprit du maire », s’est indignée Denise Jones, porte-parole du parti travailliste pour la culture à Tower Hamlets, avant d’ajouter : « Non seulement il a refusé de considérer les autres possibilités, mais en plus il a annoncé la décision de la vendre avant d’avoir consulté un quelconque résident ou conseiller ». Pour la députée travailliste Rushanara Ali : « Le maire va à l’encontre des souhaits des 1500 signataires de la pétition. C’est une trahison contre la classe ouvrière de East End. » Dans une lettre le mois dernier, les opposants avaient en effet déclaré : « la proposition du maire est contraire à l’état d’esprit avec lequel Henry Moore avait cédé la sculpture ».

Au regard des bénéfices que pourrait générer la vente, soit 4 à 17 millions de livres, quelques habitants de la commune ont néanmoins fini par concéder : « En tant que résident de Tower Hamlets, je pense que s’ils peuvent la vendre, puis injecter la somme au profit de logements sociaux par exemple - comme le suggère le maire - cela ne devrait pas poser de problème. »

Le conseil municipal a pour sa part, assuré avoir considéré d’autres options, tel son placement dans un espace public comme Victoria Park, mais les coûts d’assurance et les menaces de vandalisme jugés trop importants, l’option a finalement été écartée, rappelant au passage le cas d’une sculpture de Barbara Hepworth dérobée en 2005 au Dulwich Park (Sud de Londres), jamais retrouvée depuis lors.

Rares sont les municipalités à avoir déjà usé de tels procédés pour renflouer leurs caisses. On compte parmi elles, la commune de Bolton (Grand Manchester) - qui avait mis en vente en 2011, 35 pièces incluant des œuvres de Millais, Picasso et Hutchison - et celle de Bury (Grand Manchester) qui était parvenue à encaisser 1,25 million de livres par la cession d’un Riverbank de LS Lowry en 2006.

La vente de Draped Seated Woman devrait être réalisée par Christie’s en février prochain.

Légende photo

Portrait de Danny Boyle, réalisateur britannique - © Photo Romina - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0

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