Suisse - Musée

Des bunkers militaires suisses pour stocker les œuvres d’art

Par Anouk Rijpma · lejournaldesarts.fr

Le 31 octobre 2012 - 578 mots

ZURICH (SUISSE) [31.10.12] – Le gouvernement helvétique propose ses bunkers militaires aux collectionneurs comme alternative au stockage de leurs œuvres d’art. En plus de réunir les conditions « idéales » à leur conservation, ils présenteraient un double avantage : une minimisation des risques et des coûts d’assurance moindres.

A proximité du Lac des Quatre-Cantons, perché dans les montagnes de Suisse centrale, un bunker militaire vieux de 57 ans cherche « acheteur » pour la somme de 417 000 dollars à des fins de stockage d’œuvres d’art, et non pas en cas d’attaque terroriste à l’arme chimique ou de catastrophe naturelle. Ils avaient été construits durant la seconde guerre mondiale contre l’invasion nazie, puis dans les années 1960 dans un contexte marqué par la menace nucléaire et la tension avec l’URSS. Dans les années 1970 et 1980, il s’en est construit près de 300 000 sur le territoire helvétique.

Mais la chute de l’URSS vingt ans plus tard a sérieusement changé la donne, et de nombreux sites ont fermé. Aujourd’hui néanmoins, nombre d’entre eux sont à vendre, pour des usages divers.

Ainsi, les imposantes « portes en métal » aperçues par delà les montagnes pourraient « soulager » le plus grand entrepôt d’œuvres d’art au monde de Genève abritant pas moins de 100 milliards d’œuvres d’art, et servir d’alternative aux collectionneurs. D’autant que ces bunkers militaires recèlent de vertus en matière de conservation, « parfaitement adaptés aux peintures en raison de leurs bonnes conditions de température et de sécurité », certifie Paul Williamson, directeur commercial logistique à Constantine (Londres).

La question de l’assurance par ailleurs, est loin d’être négligeable compte tenu des accidents à répétition, tels incendies, dégradations et vols à l’instar des 7 toiles de grands maîtres dérobées au Kunshtal Museum de Rotterdam à la mi-octobre. « Si vous êtes un assureur prudent, vous voulez être sûr des risques encourus à exposer dans un certain endroit », confie Nick Brett, directeur d’AXA Art, un des plus grands assureurs d’objet d’art au monde. Et ce dernier de déplorer l’extrême concentration d’œuvres d’art à Genève en raison des exonérations de taxes.

Par ailleurs, les coûts d’assurance ayant doublé ces trois dernières années à Genève, ces bunkers militaires « convertis » tombent à pique, assure Enrique Liberman, président de l’Art Fund Association à New York. Une manière pour les collectionneurs de faire des économies de gestion.

D’autant que « si vous développez le nombre d’entrepôts, un grand nombre de risques inhérents au stockage d’œuvres d’art pourraient être minimisés » , au regard des nombreux risques encourus à exposer à un seul et même endroit. Un danger relevé notamment en 2004 quand un incendie survenu dans un entrepôt de Londres – qui avait notamment détruit des oeuvres de Damien Hirst et Tracey Emin - avait coûté aux assureurs plus de 20 millions de livres, soit 30 millions d’euros.

Pour rendre compte de l’efficacité d’usage de ces bunkers militaires, un exemple est régulièrement cité : le coffre-fort de « Swiss Data Safe ». Dans les années 1990, l’ingénieur Dolf Wipfli ayant pris connaissance de la mise en vente de bunkers non utilisés par l’armée suisse, avait alors déclaré : « On s’est demandé ce qu’on pourrait bien en faire. Et la réponse s’est imposée d’elle-même : il fallait exploiter ce pour quoi ils avaient été construits : la sécurité ». Le coffre-fort qu’abrite un bunker des années 1960 de la ville d’Amsteg est considéré aujourd’hui comme le coffre-fort le plus sûr au monde.

Légende photo

Bunker Fort Knox, Suisse - © Photo Mount10-wiki - 2007 - Licence CC BY-SA 3.0

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