La nouvelle présidence de la Centre Pompidou Foundation sur fond de polémiques

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 11 juillet 2012 - 875 mots

PARIS [11.07.12] - Alors que Steven Guttman, Estrellita Brodsky et Ann Colgin dirigent désormais la Fondation américaine du Centre Pompidou et ont annoncé leurs projets, les dernières déclarations du président du Centre Pompidou, Alain Seban sur la démission de Robert Rubin, ancien président de la Fondation, émeuvent les partenaires américains du Centre.

Le Centre Pompidou Foundation change d’équipe de direction après la décision de Robert Rubin d’en quitter la présidence et de se retirer de la Fondation. Steven Guttman, ancien président de la Federal Realty Investment Trust et président fondateur de l’entreprise Storage Deluxe, prend ainsi la présidence de la fondation américaine qui œuvre depuis 1977 à enrichir les collections du Musée national d’art moderne et à soutenir ses projets. Membre depuis cinq ans de la fondation, Steven Guttman était depuis trois ans membre de son comité exécutif.

Est élue également au tout nouveau poste de vice président de la fondation, l’historienne de l’art et spécialiste de la scène artistique latino américaine, Estrellita Brodsky. Ann Colgin, membre depuis trois ans de la Centre Pompidou Foundation et depuis un an du comité exécutif, se voit confier de son côté le poste de secrétaire du comité exécutif, Scott Stover (à l’origine en 2005 de la relance de la fondation avec Robert Rubin arrivé en 2006 à la présidence), étant renouvelé dans ses fonctions de directeur exécutif pour un an comme l’ensemble du « board ».

« Nous nous engageons à accroître l’action de la fondation, d’attirer plus de donateurs et plus de mécènes afin de soutenir de son mieux le musée dans l’accomplissement de sa mission », a déclaré Steven Guttman lors de la présentation mardi 10 juillet 2012, à la presse de la nouvelle équipe dirigeante de la fondation en présence du Président du Centre Pompidou, Alain Seban, et du directeur du Musée national d’art moderne, Alfred Pacquement.

Trois annonces y ont été faites :

- création d’un fonds au sein de la fondation afin de lever des financements pour le Musée national d’art moderne en vue « de développer sa politique d’acquisition qui ne peut se construire uniquement sur des donations », a souligné Alain Seban. Le budget de ce fonds alloué pour les futures acquisitions est estimé pour l’instant à 200 000 dollars US ;

- structuration du groupe latino américain que le Centre Pompidou avait commencé à constituer pour soutenir ses acquisition d’œuvres sud-américaines, groupe qui sera placé sous l’égide de la fondation américaine et animé par Estrellita Brodsky. Cette décision s’inscrit dans « la réorientation du budget d’acquisition principalement vers l’art non occidental » voulue par le président du Centre Pompidou afin de relever « le défi de construire un musée global et une collection globale » ;

- Nomination en octobre-novembre d’un conservateur en chef chargé de faire le lien entre la fondation américaine et la direction du Musée national d’art moderne.

Au-dessus de ces annonces et plus particulièrement la présentation à Paris de la nouvelle équipe dirigeante de la fondation, planent toutefois le départ de Robert Rubin et le conflit ouvert avec Alain Seban suite aux critiques formulées par le collectionneur américain envers la politique menée par le président du Centre Pompidou dans un entretien paru dans Le Monde du 25 février, quelques jours avant la reconduction pour trois ans d’Alain Seban à la tête du Centre. Par presse interposée, Alain Seban avait conseillé à Robert Rubin de démissionner.

Alain Seban aurait-il donc obtenu gain de cause ? C’est ce qu’il laisse entendre dans ses déclarations dans la dépêche de l’AFP tombée au moment de la conférence de presse. M. Rubin « a démissionné, il y a quelques semaines, le comité exécutif de la fondation ayant désapprouvé ses déclarations ».

« Mensonge », rétorque en exclusivité pour Le Journal des Arts Robert Rubin. « J’ai quitté la fondation de mon plein gré. Cette décision, je l’ai prise quand Mr Seban a été renouvelé dans ses fonctions. Je ne voulais pas que sa fureur contre moi entrave le bon fonctionnement de la fondation. J’ai soutenu le Centre Pompidou avant lui, je le ferai après son départ ». Et l’ancien président de la fondation de rappeler la réunion chez lui en juin à La maison de verre des membres du « board » lui demandant de rester au moins au comité exécutif, mais aussi les propos désolés de Steven Guttman dans un mail envoyé juste avant la conférence de presse à propos du communiqué de presse ne mentionnant ni le nom de Robert Rubin ni son travail accompli au sein de la fondation et pour le Centre Pompidou depuis 2006 en tant que président.

« Nous sommes tristes que vous pensiez que nous ne reconnaissons pas ce que vous avez accompli quand vous étiez notre président. Nous ne sommes impliqués en aucune manière dans les remarques désobligeantes qui pourraient être formulées », souligne ainsi le nouveau président de la fondation dans son mail adressé à Robert Rubin dont il a salué le travail accompli durant la conférence de presse et précisé le départ volontaire.

La déclaration d’Alain Seban à l’AFP qui tranche avec son silence sur la question lors de la conférence de presse contrarie la nouvelle direction de la fondation peu encline à se laisser manipuler.

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Alain Seban

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Escalator du Centre Pompidou - 2012 - © photo Ludosane

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