A Rome, c’est au tour de la Fontaine de Trevi de s’effriter

Par Chloé Da Fonseca · lejournaldesarts.fr

Le 13 juin 2012 - 500 mots

ROME (ITALIE) [13.06.12] – Le 9 juin, plusieurs pièces décoratives de la Fontaine de Trevi se sont détachées de la frise supérieure. Si le surintendant culturel de Rome minimise les dégâts et met en cause les fortes chutes de neige de l’hiver, cet incident relance la controverse sur la mauvaise conservation du patrimoine italien.

Sans danger pour les touristes, des morceaux de stucs provenant de la frise en haut de la façade sont tombés sur la place qui accueille le monument baroque du XVIIIe siècle. Très rapidement, les pompiers ont sécurisé le site et dès le lendemain des experts du patrimoine sont intervenus, notamment pour enlever d’autres pièces susceptibles de s’effondrer. Pour Umberto Broccolo, surintendant culturel de Rome, « la situation n’est pas alarmante et sous contrôle », rapporte La Repubblica. Ces chutes de stucs pourraient avoir été provoquées par une infiltration d’eau suite aux fortes chutes de neige qui avaient inquiété le pays en février 2012.

Dino Gasperini, conseiller municipal pour la culture, estime qu’il est nécessaire de lever des fonds pour protéger la Fontaine de Trevi et demande une « restauration à grande échelle dans les plus brefs délais », la dernière en date remontant à 1991. Relayé par El País, le maire de Rome, Gianni Alemanno reconnaît qu’« il y a un problème de carences budgétaires pour les restaurations. Nous devons trouver une solution en constituant un fonds spécial pour protéger les monuments de Rome ». Car il y a tant de monuments en situation précaire à Rome comme dans tout le pays, que ces quelques morceaux de stucs tombés de la Fontaine de Trevi ont de nouveau enflammé le débat sur la protection du patrimoine italien. Umberto Broccoli reconnaît cette nécessité mais tempère : « Nous avons besoin de plus d’équipes pour sillonner la ville. Le problème, c’est que nous avons tant de monuments » a-t-il déclaré dans le Guardian.

La constatation des dégâts sur la Fontaine de Trevi ne vient que compléter une liste déjà importante de monuments italiens en danger : le Colisée dont les restaurations financées par le groupe Tod’s ne cessent de traîner, la Domus Aurea fermée au public depuis 2010, le mur d’Aurélien (IIIe siècle) qui s’effrite régulièrement depuis plusieurs années, Pompéi qui fait l’objet d’un plan de restauration ou encore les nombreux monuments endommagés par les séismes de mai 2012 en Emilie-Romagne.

Pour le parti politique des Verts, la Fontaine de Trevi n’est qu’une preuve de plus de l’incompétence des autorités italiennes et de l’absurdité des réductions budgétaires pour l’entretien des monuments. Angelo Bonelli, président des Verts s’interroge, relayé par La Repubblica, « ce qui s’est passé à la Fontaine de Trevi démontre que la crise économique italienne est en train d’affecter sérieusement l’entretien d’un patrimoine artistique unique au monde. C’est un épisode grave, après ce qui s’est passé au Colisée. A ce stade, on se demande quel est le réel état de maintenance [de la fontaine]. Que doit-il arriver enfin pour que [l’Etat] investisse dans la restauration ? ».

Légende photo

La Fontaine de Trevi à Rome - © Photo LudmiÅ‚a Pilecka - 2007 - Licence CC BY 3.0 

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque