IFP : quand l’art devient un label radical

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 23 avril 2012 - 351 mots

Pour la première fois en France, le Mac/Val réunit un ensemble d’œuvres d’IFP, sigle d’Information Fiction Publicité.

Fondée en 1984 par Jean-François Brun, Dominique Pasqualini et Philippe Thomas, cette agence, qui a interrogé les conditions de possibilité de l’art à partir des années 1980, a existé jusqu’en 1994. Les termes « Information, Fiction et Publicité » proviennent d’une réflexion sur l’actualité de l’art et sur ses conditions de monstration. Ces trois artistes, réunis sous le label IFP, sont influencés par La Société du spectacle (1973) de Guy Debord : l’image, les mass media et le système marchand constituent le centre de leur pratique.

Pour questionner la représentation de l’art et sa médiatisation, cette « agence de l’art » a multiplié pendant dix ans (1984-1994) les propositions : conférences, ventes de livres et de disques, défilés de mode, inserts dans la presse. Leur champ d’investigation interroge la notion même d’exposition et la place du spectateur, il se veut « un diagnostic de ce qu’est l’art, notre définition de l’art en général, à savoir que l’art est une affaire d’information, de fiction et de publicité. Et ce, autant pour un retable du XIVe siècle, un Poussin qu’un Warhol ».

Au Mac/Val, le visiteur pénètre dans « le théâtron (théâtre, salle d’audience) des nuages », c’est-à-dire dans une imposante structure circulaire en échafaudages. Cette agora, où plane l’ombre de Godard, montre les objets et images de l’art d’IFP : caissons lumineux, plots, dispositifs utilisant des strapontins, photographies de ciels nuageux et œuvres sur bâches PVC à lire comme des écrans ou des surfaces de projection. S’il ne fait aucun doute que la critique des médias par IFP ainsi que sa mise en question de la « chose publique » à l’ère de la société du spectacle sont toujours d’actualité, il faut avouer que cette rétrospective « sèche » demande un réel effort de sympathie : c’est vraiment en entrant dans la logique postconceptuelle d’IFP qu’on peut en savourer toutes les audaces et la radicalité.

Information

« Le théâtron des nuages » d’IFP, Mac/Val, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94), www.macval.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : IFP : quand l’art devient un label radical

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