Cindy Sherman, la peau des autres

Photographe, elle se met elle-même en scène sous les traits, dans les attitudes et nantie des accoutrements de celui ou de celle dont elle se sert de modèle. « Je ne porte aucun intérêt à l’art traditionnel », affirme-t-elle comme pour défendre le caractère pleinement contemporain du sien.

Si le fait du déguisement est une pratique très ancienne, celui du transfert d’image renvoie à un questionnement identitaire existentiel tel que Duchamp l’a exploité en créant son double féminin, Rrose Sélavy. La démarche de Sherman interroge quant à elle les effets de la multiplication des images sur notre interprétation du réel. Ses photographies jouent de l’artifice et de la fiction, du mythe et du cliché, du faux et du vraisemblable pour constituer une impressionnante galerie de portraits improbables, familièrement étranges.

Rétrospective, l’exposition new-yorkaise rassemble quelque cent quatre-vingts images qui témoignent de l’adaptation plastique du travail de l’artiste à l’évolution des moyens techniques, de ses premiers tirages noir et blanc aux derniers, numériques et davantage élaborés. En même temps, elle met en valeur le développement d’une œuvre qui s’est nourrie de modèles empruntés tant à son entourage immédiat qu’à tout un monde de figures médiatiques et historiques, voire d’icônes universelles.