Frac Centre et Centre de création contemporaine - Orléans (45) et Tours (37)

Bertrand Lamarche - Jardin secret

Du 2 mars au 29 avril 2012 et jusqu’au 28 mai 2012

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 février 2012 - 342 mots

Faire pousser un jardin au Centre de création contemporaine de Tours ? Lorsque l’on connaît les lieux – situés dans d’anciens locaux commerciaux où la lumière naturelle est absente –, l’affaire peut sembler impossible.

Mais Bertrand Lamarche, pour une première grande exposition répartie entre le Frac Centre à Orléans pour le volet plus rétrospectif et le CCC de Tours pour des expériences prospectives, a trouvé la parade. Car les ombelles, fleurs sauvages qu’on trouve souvent dans les friches (la plus commune est celle de la carotte, haut perchée, avec une croissance centripète qui compose une fractale délicate), sont sa spécialité. Modélisées entre noir et blanc, elles ondulaient déjà dans la vidéo Terrain ombelliférique réalisée en 2005, une promenade hypnotique et lente inoubliable. Depuis, Bertrand Lamarche a imaginé un véritable jardin sur un terrain de Nancy, ville qui lui a d’ailleurs inspiré nombre de projets. Pour Tours, quatre-vingts hauts spécimens de « grande berce du Caucase » séchés se dressent grâce à des trépieds pour former une forêt magique et angoissante, entre un conte à la Gulliver et un film d’anticipation où la nature aurait eu maille à partir avec la réalité.

Les dimensions aiment se bousculer dans cette exposition, car l’une des autres pièces maîtresses a emprunté son échelle à celle des maquettes de train. La miniaturisation sur cinq mètres d’une barre d’immeuble nancéienne longue de quatre cents mètres et construite pendant les Trente Glorieuses (Le Haut-du-Lièvre) s’offre ici le privilège de flotter dans l’espace, hantée par une vidéo elliptique (Cosmo-Disco). Bertrand Lamarche aime bien ce type de défis physiques, les boucles entêtantes. Pas étonnant qu’il s’entraîne à imiter la voix de sa muse, Kate Bush, dont certains tubes des années 1980 jouaient les mélopées comme des chants de sirènes. À la manière d’un film noir, les différents tableaux déployés dans l’espace du CCC fonctionnent comme autant de plans du film, au spectateur de dépasser le simple rôle de figurant.

Voir « Bertrand Lamarche »

Frac Centre, 12, rue de la Tour-Neuve, Orléans (45), www.frac-centre.fr et CCC, 55, rue Marcel-Tribut, Tours (37), www.ccc-art.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : Bertrand Lamarche - Jardin secret

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