Musée-château - Annecy (74)

L’art africain sort des réserves

Jusqu’au 26 mars 2012

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 23 février 2012 - 379 mots

« Les arts africains se transforment au gré des regards portés sur eux. » Des regards occidentaux posés sur les objets rapportés par les missionnaires catholiques et les voyageurs, des regards qui leur ont conféré différentes identités au cours des XIXe et XXe siècles : de l’objet primitif puis ethnographique à l’œuvre d’art dont les prix s’envolent sur le marché, en passant par l’objet politique.

Une centaine d’objets africains mais aussi océaniens, provenant de quatorze institutions de Rhône-Alpes, sont présentés ensemble, comme dans les vitrines des premières salles ethnographiques de la région.

Au XXe siècle, les regards se croisent. La création africaine contemporaine se réapproprie les objets transformés par cette vision européenne, s’adapte aux désirs des collectionneurs. Au croisement de ces influences, la pureté formelle d’un magnifique masque Fang (Cameroun) et d’un cimier Kurumba (Burkina Faso) inspire les artistes de l’art moderne, comme André Lhote et Victor Brauner, exposés à leurs côtés.

À la question du regard occidental se mêle une problématique régionale : Lyon est au XIXe siècle un foyer de missions catholiques envoyées par l’œuvre de la Propagation de la foi et la Société des missions africaines. La majorité des objets présentés est issue des collections de ces institutions. Derrière le propos général se pose donc la question de ces hommes de foi qui ont fait œuvre d’ethnographes – citons Auguste Planque et le père Aupiais évoqués dans le parcours –, source de connaissances encore peu exploitée. Sous le voile religieux pourtant, leurs écrits et leurs collections, comme celle du Musée africain à Lyon, ont été les premiers témoignages des cultures du continent africain.

Mais pourquoi une telle exposition dans quatre petites salles du Musée-château d’Annecy ? Il aurait été plus juste, pour l’histoire des collections, de la présenter dans la capitale régionale, au Musée des beaux-arts de Lyon, lui qui accueillit dans les années 1880 la salle d’Anthropologie et d’Ethnologie. Il aurait été pertinent d’intégrer ainsi ces collections régionales dans une histoire de l’art globale, dans un dialogue des formes, des influences et finalement des cultures, puisque dialogue il y eut. Un manque de visibilité heureusement compensé par un catalogue d’exposition qui évoque brillamment ces questions autour des arts africains.

Voir « L’Afrique de nos réserves. Collections en Rhône-Alpes »

Musée-château, place du Château, Annecy (74), musees.agglo-annecy.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : L’art africain sort des réserves

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