Atelier Grognard - Rueil-Malmaison (92)

Une autre école de Paris

Jusqu’au 19 mars 2012

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 23 février 2012 - 406 mots

S’il est une exposition qui peut remettre en question des clichés et des idées reçues, c’est bien celle qui se tient sous les vastes verrières de l’Atelier Grognard à Reuil-Malmaison, situé à 100 m du château de la Malmaison.

La peinture abstraite des années 1950 et 1960, la « seconde école de Paris », peut en effet être jugée aujourd’hui comme une période pas follement folichonne. Sans doute a-t-on vu trop de toiles agréables, séduisantes et gentiment décoratives. Dans cette exposition, et peut-être est-ce parce que la plupart des œuvres proviennent de collections privées, cela vaut le coup de s’attarder devant beaucoup des quatre-vingt-trois toiles des soixante-six artistes présents. Être attentif à la voluptueuse et puissante délicatesse de Troupeau, une huile sur toile de Tal Coat, de 1954, ou aux fulgurantes présences chaudes et froides tramées de labyrinthiques empreintes sombres de Vers la nuit d’Alfred Manessier, de 1958, permet de saisir le mystère de ce que peut être la peinture : un temps arrêté.

Mais la peinture n’est pas une histoire de spéculation, juste de ressenti, d’immédiateté plus ou moins perçue et acceptée. Comment regarder Sans titre, daté de 1958, de Georges Noël ? D’autant que l’artiste est mal connu en France, donc une vraie découverte est possible ! La toile est grande, 146 x 114 cm, le matériau utilisé un peu mystérieux : acétate de polyvinyle et poudre de silice, peut-on lire sur le cartel. L’on ne voit pas grand-chose d’autre au premier regard qu’une juxtaposition d’empreintes claires sur fond sombre, tantôt longilignes, tantôt tourbillonnantes. C’est pourtant vraiment pour ce genre de peinture que ça vaut la peine d’aller à Rueil-Malmaison.

Les traces prennent peu à peu forme et puissance sur la toile, avec une belle liberté jubilatoire. L’œil est heureux ! Il serait fastidieux de citer tous les artistes de l’exposition, mais les plus connus ne sont pas forcément les plus convaincants. Ainsi Georges Mathieu et sa magnifique gestuelle, totalement maîtrisée, trop maîtrisée ! Elle apparaît gratuite, vaine, si loin de la calligraphie orientale, qui toujours a du sens puisqu’elle dit le monde, elle est écriture. De belles découvertes donc, et quelques réserves… Des vitrines accueillent des catalogues, des manuscrits et d’autres préciosités comme cet exemplaire de L’œil – n° 34, octobre 1957 – avec une très belle couverture de Hans Hartung, artiste bien sûr présent dans l’exposition.

Voir « Abstractions 50. L’explosion des libertés »

Atelier Grognard, 6, av. du Château-de-Malmaison, Rueil-Malmaison (92), www.rueil-tourisme.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : Une autre école de Paris

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