Musée Granet - Aix-en-Provence (13)

Favier en majuscules

Du 1er février au 22 avril 2012

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 janvier 2012 - 417 mots

À 54 ans, Philippe Favier trace sa route. Hier sous les projecteurs, un temps dans l’ombre, il continue de faire grandir son œuvre, loin des discours – et des circuits – officiels, avec une assurance « crâne » qui fait écho aux ossuaires qui peuplent son travail.

« C’est petit », disaient d’aucuns dans les années 1980 au sujet de ses collages et dessins ; « c’est loin », ont répondu les plus malins. Mais, dans son cas, loin des yeux n’est jamais loin du cœur, comme en témoigne l’invitation à exposer que lui a lancée le Musée Granet, à Aix.

Ici, au pays de Cézanne, plus de 800 m2 lui sont offerts pour une rétrospective en quinze séries de ses collages. L’homme est un habitué du genre, après ses rétrospectives « d’étapes » – Favier est un cycliste – au Jeu de paume (1996) et à la Bibliothèque nationale de France (2000), cette dernière consacrée au corpus de ses gravures. Le parcours fait dialoguer entre elles les séries, depuis ses premiers collages réalisés en 1981, « lointains » dessins au stylo à bille découpés dans la feuille puis épinglés au mur pour composer d’immenses saynètes de genre, à sa dernière série de 2011 intitulée Loin de Luçon, pour la première fois dévoilée au public. Dans celle-ci, c’est le papier qui devient crayon, le réceptacle habituel du dessin devenant « l’instrument qui sert à tracer la forme ». Une énième facétie du Stéphanois et un énième renversement de situation comme celui qui lui fit retourner en 1996 la plaque de verre pour peindre sa Suite 668, série de minuscules collages sous verre, et, dix ans plus tard, À Rose Cousin, autre série cette fois composée de pétales de rose toujours collés sous le verre.

De Philippe Favier, tout est là rassemblé, ou presque, sériel sans jamais être répétitif : son goût pour les détournements d’usage, qu’il s’agisse de cartes géographiques, d’ardoises d’écoliers ou de partitions anciennes ; pour les danses macabres et autres vanités (Lucky One est une série de photogrammes de crânes brodés de fil d’or sur papier baryté) ; pour les voyages sédentaires (L’Archipel des pacotilles), pour les livres (le Grand Livre des morts, prouesse d’impression longue de deux mètres une fois dépliée) comme celui, jamais démenti, pour l’expérimentation de nouvelles techniques. Sa gourmandise des titres aussi, que l’on retrouve dans celui qui a été choisi pour chapeauter l’exposition : « Corpuscules ».

Voir « Philippe Favier. Corpuscules »

Musée Granet, place Saint-Jean-de-Malte, Aix-en-Provence (13), www.museegranet-aixenprovence.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : Favier en majuscules

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