Belle partition chez Vuitton

Resserré autour de neuf propositions, le parcours élégant laisse échapper des pépites à l’instar de la forêt tronquée qui accueille le visiteur. Dans Wood Songs (2011), Sue-Mei Tse (Lion d’or de Venise pour le Luxembourg en 2003) a disposé, au creux de souches, des disques de bois en rotation comme des vinyles. Belle métaphore mélancolique que les révolutions tranquilles de cet introït simplement bercé par le son d’un diamant sur un sillon nu. Suivent les circonvolutions de trombones malmenés par Thierry Mouillé, leurs conduits étirés comme des canalisations jusqu’à former un Brass Space, Pavillon 1. Enfin, l’armada de cymbales sur pied, réunie par Stéphane Vigny, bruisse d’un rythme hypnotique, vibration scintillante et impérieuse malgré la modestie des instruments. L’œuvre est fascinante, méthodique et paradoxalement entropique.

À elles seules, ces trois œuvres compensent l’inefficacité des Cercles magnétiques de Christina Kubisch, œuvre à casque datée et malhabile, le dispositif sonore et vidéo d’Anri Sala qui neutralise la Lyre de Laurent Saksik, une sculpture interactive noyée par les riffs de jazz du précédent. Enfin, l’œuvre historique de Charlotte Moorman, Bomb Cello (1984), un obus customisé en violoncelle, complète depuis une vitrine cette excellente introduction aux fugues majeures de l’art dans le royaume du son et de la musique.