Lampe

La belle et la led

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 24 janvier 2012 - 379 mots

Si certains designers adorent les feux de la rampe, d’autres préfèrent la jouer low profile, autrement dit : profil bas. C’est le cas de l’Espagnol Javier Mariscal, 61 ans, qui – autant rester low jusqu’au bout – a imaginé pour l’éditeur italien Artemide la lampe de bureau nommée Lotek, amusante contraction, on l’aura compris, des vocables anglais low technology ou « technologie modeste ».

Pourquoi une lampe de bureau ? « Parce que j’aime beaucoup les lampes ‘’flexibles’’, raconte Javier Mariscal. Cette typologie a été créée au début du XXe siècle, dans les usines, en tant que solution d’éclairage pour des ouvriers qui avaient besoin d’un point lumineux très précis et très focalisé et qui, au cours de leur activité, devaient soit déplacer le rai lumineux dans d’autres positions, soit se déplacer eux-mêmes. D’où l’invention de ce bras articulé qui accompagnerait l’ensemble de leurs mouvements.  » Pour Mariscal, l’important était de « recycler les solutions basiques ». En clair : faire une synthèse des mécanismes les plus ingénieux des siècles récents. Outre ce système articulé hérité du XXe siècle, le designer a donc opté pour un socle très présent et agissant comme un contrepoids « qui rappelle ces formes rudimentaires conçues au XIXe siècle pendant la révolution industrielle » et, exercice imposé cette fois, un éclairage du XXe siècle, en l’occurrence les diodes électroluminescentes ou « leds ».

Le résultat est fort séduisant. Mariscal y a apporté sa touche très personnelle, mélange à la fois d’humour et de sobriété. Contrairement à la flopée de formes organiques en vigueur actuellement, la lampe Lotek, elle, n’hésite pas à afficher une silhouette quasi constructiviste, à l’instar d’un jeu Meccano. Même ses pointes de couleurs primaires – nuances chères à Mondrian, van Doesburg et Rietveld – lui donnent une allure moderniste plutôt seyante. La base est en acier, les « bras » et la « tête » sont en aluminium. Grâce à des poids soigneusement compensés, mouvements et/ou rotations sont suaves et précis. Bref : low tech peut-être, mais grande finesse d’utilisation.

À consulter

www.mariscal.com
Javier Mariscal, né en 1950 à Valence (Espagne), a plusieurs cordes à son arc : designer, il est aussi peintre, graphiste – il a dessiné le chien Cobi, la mascotte des J.O. de Barcelone de 1992 –, architecte d’intérieur, auteur de BD et… récent coréalisateur du film Chico & Rita.

A savoir

Dévoilé lors du Salon international du meuble de Milan, en avril 2011, le prototype de la lampe Lotek est actuellement en cours de mise au point, sa version définitive devrait être présentée en avril prochain.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : La belle et la led

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