Préhistoire

L’âge de glace

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 21 décembre 2011 - 550 mots

Peu onéreux, les objets de la préhistoire connaissent un regain d’intérêt auprès des collectionneurs. Un patrimoine que chacun peut s’approprier.

Nos ancêtres, les hommes des cavernes, chassaient les mammouths. Aujourd’hui, nous chassons leurs silex. Pour l’expert en préhistoire Daniel Lebeurrier, « dans les périodes de crise, les gens se tournent vers des choses pérennes ». Comme les vieilles pierres du paléolithique et du néolithique. Ce domaine de collection connaît un certain dynamisme depuis quelques années. Mais si les marchandises abondent dans cette spécialité, « 95 % ne présentent pas de caractère d’exception et se chinent entre 20 et 200 euros », avance l’expert. Les pièces à collectionner sont, pour l’essentiel, des silex taillés des nomades chasseurs-cueilleurs du paléolithique (800 000 à 10 000 avant J.-C.). Le plus répandu est le biface, sorte de « couteau suisse » servant à la fois de pic, racloir, grattoir, tranchet, couteau… On peut trouver un joli petit biface à partir de 100 euros. Et jusqu’à plus de vingt fois ce prix pour des chefs-d’œuvre du genre. Les critères d’appréciation sont la dimension, la qualité du matériau et de sa taille, et l’aspect sculptural. Aujourd’hui, il existe une plus forte demande pour les bifaces du paléolithique ancien, en particulier de l’acheuléen (800 000 à 200 000 av. J.-C.), que pour ceux (plus petits) du paléolithique moyen, aussi appelé moustérien (200 000 à 50 000 av. J.-C.).

Plus rare que le biface, la « feuille de laurier » en silex tire son nom de sa forme taillée. Elle présente un travail bifacial particulièrement complexe à réaliser. Elle est typique, dans le paléolithique récent, de la période solutréenne (22 000 à 19 000 av. J.-C.). Les chercheurs pensent qu’il s’agit dans certains cas d’un objet de prestige, et non pas d’une pièce utilitaire. Il faut compter entre 800 et 2 500 euros pour une petite feuille de laurier (environ 5 cm). Les plus grandes (15 cm et plus) sont des pièces muséales dont les prix peuvent excéder 30 000 euros.

Le néolithique (6 000 à 1 800 av. J.-C.) marque la sédentarisation de l’homme et l’essor de l’agriculture. Pour cultiver, l’homme préhistorique, qui a besoin de déforester, fabrique des outils adaptés que sont les haches polies. Les pierres étaient façonnées grâce à de grands polissoirs en pierre, par frottement avec du sable. Très collectionnées, les haches polies valent jusqu’à 10 000 euros pour un grand modèle intact. Il en existe de toutes les dimensions. À dimensions égales, seul le critère esthétique importe : une verte brillante vaut plus qu’une grise un peu terne. Les préhistoriens pensent que les plus petites haches polies (2 cm) étaient peut-être des pièces votives.

En ivoire de mammouth

L’art est apparu au paléolithique, vers 25 000 ans avant J.-C. La France a abrité les foyers les plus importants et les plus féconds de cet art réputé sacré, comme en témoigne la collection du Musée de Saint-Germain-en-Laye, l’une des plus riches au monde. En grande majorité, les représentations sont animales (cheval, bison, mammouth, renne, bouquetin, ours des cavernes, lion...). Moins fréquentes sont les figurines humaines, essentiellement des « Vénus » non individualisées. Cette exceptionnelle et célèbre petite tête est un portrait symbolique de la femme paléolithique. Hors de prix, les sculptures en ivoire de mammouth sont rarissimes sur le marché et souvent fausses.

Où voir et où acheter

Voir : Musée d’archéologie nationale au château de Saint-Germain-en-Laye, place Charles-de-Gaulle, Saint-Germain-en-Laye (78), www.musee-archeologienationale.fr
Et aussi : le Musée de la préhistoire de Solutré (Saône-et-Loire), du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) et des Eyzies (Dordogne)

Acheter : Maison de ventes Millon & Associés, 19, rue de la Grange-Batelière, Paris-9e, www.millon-associes.com. Maison de ventes Thion Enchères, 63, rue Isambard, Évreux (27), tél. 02 32 33 13 59.
Galerie Gilgamesh, 9, rue de Verneuil Paris-7e, www.galerie-gilgamesh.fr
Galerie David Ghezelbash, 12, rue Jacob, Paris-6e, www.davidghezelbash.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : L’âge de glace

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