Expérience ouverte au Plateau

« Le sentiment des choses » est une première proposition ouverte. Pas simple à résumer, son axe principal serait d’ouvrir sur d’autres expériences, de ménager des temps expérimentaux. Bref, pas de thème, d’illustration, de didactisme, le visiteur se doit d’être aventureux afin d’épouser cette méthodologie intellectuelle.

Au centre de ce premier tableau, un artiste italien méconnu du grand public : Bruno Munari (1907-1998). Affilié au second futurisme dans les années 1930 puis au surréalisme, c’est un touche-à-tout dont l’outil de prédilection est le livre et la typographie. Mais pas seulement, comme l’explique Élodie Royer : « Bruno Munari, à travers la diversité de ses expériences artistiques, a tenté de faire sortir l’art des systèmes établis, en le faisant basculer dans des objets du quotidien… d’y faire surgir ce qu’on pourrait nommer un sentiment d’art.  » Pour jouer cette partition libre qui n’a rien à voir avec une rétrospective classique, les commissaires ont convié entre autres des « proches » comme Isabelle Cornaro, Ryan Gander, Mark Geffriaud, Clément Rodzielski et nombre de jeunes artistes à découvrir. Associées à des œuvres de Munari mais aussi de Fred Sandback ou de Robert Filliou, leurs propositions ont donc pour délicate mission de susciter des sentiments et des émotions. Un parti pris presque salutaire en pleine vague de désenchantement.