Sculpteur

Antoine Poncet : la terre sans gravité

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 19 décembre 2011 - 258 mots

Il y a, dans ses yeux délavés, comme dans ses sculptures minérales, quelque chose de cristallin. Quelque chose de limpide, de translucide. De pur.

Quelque chose qui paraît frémir, peut-être tressaillir, comme cette pointe – la seule – qui sert à Gyroscope (1987) de contact avec le socle, avec le monde. Légère, la sculpture d’Antoine Poncet est à l’image de ses yeux. Sans gravité.

Sa vie, il la déroule sans nœud. Juste avec force. Maurice Denis, ce grand-père intimidant, cet être inoubliable. Marcel Poncet, ce peintre de père, cet imagier mémorable. Antoine Bourdelle, ce statuaire indélébile dont il hérita plus qu’un amour du matériau : un prénom. Puis Jean Arp, le second père, le vrai ami, le faux semblable, le bien-aimé, celui par qui Poncet traversa doutes et ronces, tous ces heurts qui, devenus pointes ou trous, animent désormais ses œuvres (Les Ailes de l’aurore, 1995).

L’opalescence des marbres de Carrare, la couleur châtaigne de certains airains, l’or de nombreuses patines : quelles que soient leurs peaux, les sculptures diaprées de Poncet jamais n’abjurent leur sensualité, leur foi dans le pouvoir d’enchantement du monde. Formes primitives, elles fêtent les matins premiers, ceux qui, par-delà les mots, virent naître la vie, des vies. Pas si loin d’une Vénus de Lespugue, en réalité. À quoi songe l’académicien lorsque, sans gravité, il remet encore les mains à la pâte, à la terre ? À Shanghai, qui le courtise ? À Amsterdam, qui le réclame ? À la Suisse, qui le hante ? À l’avenir, qui le happe. Et lui plaît.

Biographie

1928
Naissance à Paris.

1946
Première expo à Lausanne.

1952
Devient le praticien de Jean Arp qui le convertit à l’abstraction.

1965-1969
Dix-huit sculptures monumentales pour l’industriel américain Nathan Cummings.

1993
Élu membre de l’Académie des beaux-arts.

2009
Exposition monographique à la Fondation de Coubertin.

2010
Installation de sept sculptures dans le parc de sculptures de Jing’an (Shanghai).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Antoine Poncet : la terre sans gravité

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