Marché de l'art

Le street c’est chic

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 13 octobre 2011 - 577 mots

Défendu par les galeries et par le milieu de l’art contemporain, le street art devient un véritable phénomène de collection.

é dans les rues de New York dans les années 1970 et importé en Europe au début des années 1980, le street art, mouvement artistique urbain planétaire, émerge petit à petit comme nouveau segment du marché de l’art contemporain. Même si, du côté institutionnel, il y a encore quelques résistances, des verrous sont en train de sauter. Cette année, « Art in the Streets » au Museum of Contemporary Art de Los Angeles (MoCA) s’est imposée comme la plus grande exposition jamais organisée de l’histoire du graffiti et du street art, autour de cinquante artistes les plus dynamiques et représentatifs de ce mouvement underground.
 
L’art urbain regroupe des pratiques fort hétéroclites qui vont du tag et graffiti au pochoir, en passant par l’affiche, le tape-art (œuvres réalisées à l’aide de ruban adhésif), la mosaïque, les stickers… Les street artistes sont de plus en plus exposés par de jeunes galeries spécialisées. Les plus confirmés sont même récupérés par des grosses galeries parisiennes, comme la galerie Emmanuel Perrotin qui représente le photographe à la mode JR, ou la galerie Jérôme de Noirmont qui montre le graffeur new-yorkais Futura 2000 à la Fiac cette année. En avance sur tous, agnès b., la première galeriste à s’être intéressée à l’art urbain il y a quinze ans, possède une des plus importantes collections de street art.

Le street art n’est pas un art élitiste. Par ses origines, il est très accessible et peut plaire à un plus large public que celui de l’art contemporain. L’art graffiti attire aussi des collectionneurs n’ayant pas accès à l’art actuel parce que trop onéreux. Chez Franck Le Feuvre, galeriste parisien spécialisé dans le street art depuis 2008, les prix démarrent à 5 000 euros pour des artistes reconnus.

Les œuvres des graffeurs historiques tels que JonOne, Seen, Futura 2000, Speedy Graphito ou encore Blek le Rat se vendent désormais jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros, voire plus. Keep it Spotless, œuvre du pochoiriste Banksy, a même atteint 1,3 million d’euros dans une vente à New York chez Sotheby’s en 2008. Tandis que des œuvres de la nouvelle génération de graffeurs, non consacrés, sont proposées aux enchères en France à partir de quelques centaines d’euros.

Questions à... Stéphane Jaffrain, avocat et collectionneur d’art contemporain

Depuis quand êtes-vous un amateur de street art ?
J’ai découvert l’art graffiti en 1995 à l’occasion d’une exposition collective de street artistes à la galerie parisienne d’agnès b. J’ai tout de suite été frappé par l’œuvre de JonOne, complètement abstrait. À côté d’un tableau de JonOne, j’ai placé, en résonance, une œuvre de Daniel Buren qui, finalement, est à sa façon un artiste de rue ! J’ai aussi acquis, en atelier ou en galerie, des pièces de Banksy, Invader, Scandal, de l’Américain Toxic (Torrick Ablack), graffeur historique et ami proche de Jean-Michel Basquiat, ou encore de Nunca, artiste de la jeune scène brésilienne. J’ai également une collection de photographies de Martha Cooper et Henry Chalfant.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes collectionneurs de street art ?
Il faut être curieux et aller visiter les galeries. Il est important de rechercher l’émotion, de ne pas s’arrêter au sujet et de s’interroger sur le travail personnel de l’artiste. Si les artistes historiques du graffiti atteignent des sommes importantes, il y a une nouvelle génération à découvrir. N’attendez pas qu’ils vaillent cher pour les acheter.

Où acheter du street art

Galerie Le Feuvre, 164 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris-8e, tél. 01 40 07 11 11, www.galerielefeuvre.com

Galerie Madga Danysz, 78 rue Amelot, Paris-11e, tél. 01 45 83 38 51, www.magda-gallery.com

Opera Gallery, 356 rue Saint-Honoré, Paris-1er, tél. 01 42 96 39 00, www.operagallery.com

Maison de ventes Artcurial, 7 rond-point des Champs-Élysées, Paris-8e, tél. 01 42 99 20 20, www.artcurial.com

Maison de ventes Cornette de Saint Cyr, 46 avenue Kléber, Paris-16e, tél. 01 47 27 11 24, www.cornette.auction.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Le street c’est chic

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