Musée du Louvre - Paris 1er

Une Cité chaotique dans un trop grand Louvre

Jusqu’au 9 janvier 2012

Par Vincent Noce · L'ŒIL

Le 12 octobre 2011 - 336 mots

Jamais la Cité interdite n’a prêté une telle sélection d’œuvres. Leur rassemblement sous l’égide de Jean-Paul Desroches, conservateur au Musée Guimet, déjà auteur de l’exposition de 1999 au Grand Palais des trésors de la Cité interdite venus de Taïpeh, est en soi de nature à justifier l’attrait de cette manifestation inédite.

Portraits de souverains, vêtements de cérémonie en soie brodée, calligraphies ou minutieuses peintures sur soie, porcelaines Ming, petits objets en jade sculpté ou incisé… Une pièce évoque la salle du trône de Qianlong, dont le long règne au XVIIIe siècle a pu être qualifié d’âge d’or. L’exposition insiste sur cette période, marquée par l’influence des jésuites comme Giuseppe Castiglione, qui entendaient rompre avec l’idéalisme traditionnel pour conférer un style très réaliste aux portraits, paysages ou représentations d’animaux. Mais les liens sont ténus avec la France, l’attrait pour les porcelaines ou les laques étant mise au service d’une réinterprétation dans le goût ornemental parisien.

Plusieurs œuvres sont trop grandes pour les murs. L’itinéraire est particulièrement haché. « Pourquoi présenter la Cité interdite au Louvre ? », qui ne possède aucune section dédiée à la Chine, et non au musée Guimet, s’interroge Isabelle Leroy-Jay Lemaistre, chargée du département des sculptures. Bonne question, en effet. Qu’elle pense évacuer en qualifiant le Musée Guimet d’« émanation du Musée du Louvre » et « perçu comme tel par le public parisien », affirmation gratuite et contestable qui ne devrait pas manquer de faire plaisir place d’Iéna…

Par-delà cette maladresse, le Louvre a cru se sortir du dilemme en confrontant l’historique de son propre palais avec celui des empereurs chinois. Mais rien dans l’histoire, l’architecture et sa symbolique, ou la construction elle-même, ne les réunit. Évidemment, cela ne marche pas. Et il faut attendre la fin d’un parcours chaotique pour voir enfin les œuvres chinoises accrochées comme elles auraient dû l’être, pour elles-mêmes.

Voir « La Cité interdite au Louvre – Empereurs de Chine et rois de France »

Musée du Louvre, 99, rue de Rivoli, Paris-1er, www.louvre.fr, jusqu’au 9 janvier 2012.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°640 du 1 novembre 2011, avec le titre suivant : Une Cité chaotique dans un trop grand Louvre

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