Palmarès des musées 2011 : les musées dans un état stationnaire

L'ŒIL

Le 24 juin 2011 - 694 mots

Le Palmarès Artclair des musées révèle que les établissements ont su gérer la crise économique pour, au final, accueillir un public toujours aussi nombreux (43 millions de visiteurs). Et sans pour autant renoncer à leur politique d’expositions temporaires.

« Il dépend de celui qui passe, que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise, ceci ne tient qu’à toi. Ami n’entre pas sans désir. » Gravée au fronton du Palais du Trocadéro en 1937, cette phrase de Paul Valéry avait vocation à prévenir le visiteur des lieux qui accueillaient alors le Musée de sculpture comparée et le Musée de l’homme. Pas sûr, aujourd’hui, que les 43 millions de visiteurs recensés dans le cadre de notre enquête annuelle, portant sur 336 établissements, chiffre stable par rapport à l’enquête précédente, se posent encore la question avant de pénétrer dans un musée. Car la collecte de données qui nous permet d’établir ce classement confirme d’année en année une tendance à la massification des publics – ils n’étaient encore que 37 millions en 2006. Le musée s’est donc bel et bien mué en espace de consommation culturelle.  

Un fossé qui se creuse entre les grands musées nationaux
et les autres Cette augmentation continue tient en plusieurs phénomènes. D’un côté, une amélioration significative de l’offre, de nombreux musées ayant ouvert dans l’Hexagone, balayant tous les sujets, des beaux-arts à l’ethnographie, sans oublier l’histoire ou les sciences, d’autres s’étant profondément rénovés – c’est le cas notamment du LaM de Villeneuve-d’Ascq qui a rouvert en 2010. Cette modernisation des établissements a transformé les musées en écrins protecteurs pour les œuvres, mais aussi en lieux susceptibles de devenir de nouveaux pôles d’attractivité touristique.
Les chiffres sont sans ambiguïté : alors que le public scolaire ne représente encore que 14 % des visites – dont on déduit que la moitié de la population scolaire ne fréquente pas les musées –, 47 % des visiteurs sont des touristes étrangers. Avec une forte concentration autour de Paris et de Versailles (près de 75 %), quand la médiane par jour du nombre de visiteurs ne se trouve qu’à 73… Signe que ce monde des musées est aussi marqué par une fracture profonde entre quelques grands établissements très fréquentés et une majorité de musées de taille plus modeste, souvent déserts. 

Une course interrompue vers l’événementialisation des expositions
Mais la consommation culturelle requiert aussi des produits à consommer. Et sur ce point, les musées donnent le change. Tous ont, effectivement, fait le choix d’une programmation axée sur l’événement, principalement sur les expositions temporaires, gage annoncé d’un renouvellement des publics. Au risque de générer une surabondance. En 2010, ce sont ainsi pas moins de 1 063 expositions temporaires qui ont été produites – dont seulement moins de la moitié sont toutefois accompagnées de la publication d’un catalogue –, soit une hausse de 4 % par rapport à 2009. Pour un coût atteignant 72 millions d’euros. 
L’an passé, plusieurs facteurs pouvaient pourtant laisser présager d’un fléchissement de cette tendance. Crise oblige, les moyens alloués aux musées par l’État ou les collectivités territoriales, principaux financeurs des musées, ont été réduits. Crise oblige aussi, les touristes auraient pu être moins nombreux à se déplacer vers l’Hexagone. Tel n’a pas été le cas et la fréquentation globale est restée stable par rapport à 2009. Et si les moyens des musées ont été moindres, les expositions n’ont pas pour autant été sacrifiées. La plupart des établissements se sont ainsi efforcés de faire mieux et moins cher – la crise serait alors vertueuse – en se concentrant notamment sur leurs collections.  

Location d’espaces et mécénat : des musées de plus en plus autonomes
Un coup d’accélérateur a aussi été donné en matière de recherche de ressources propres, celles-ci ayant augmenté en moyenne de 5 % (à l’exception des grands établissements parisiens) et les locations d’espaces subissant une hausse de près de 30 %. Le mécénat vers les musées a lui aussi crû de 10 %, signe d’une professionnalisation grandissante de la recherche de fonds. 
Mais dans ce contexte tendu, des marges ont tout de même été trouvées. Au détriment de l’enrichissement des collections qui subit un net repli. Espérons que ce phénomène ne s’installe pas dans la durée.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°637 du 1 juillet 2011, avec le titre suivant : Palmarès des musées 2011 : les musées dans un état stationnaire

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