Musée de l’Hermitage, Amsterdam

Trésors de l’Église orthodoxe russe

Jusqu’au 16 septembre 2011

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 20 mai 2011 - 412 mots

La légende raconte que Vladimir Ier, grand-prince de Kiev et souverain unique de la Russie kiévienne, s’est converti par amour.

Pour pouvoir épouser la princesse Anne, sœur de l’empereur de Byzance Basile II, Vladimir se fait baptiser dans la religion orthodoxe en 988. En conséquence, il ordonne à tous ses sujets de suivre son exemple et fait proclamer le christianisme religion d’État. Déployant une énergie phénoménale pour imposer ce culte et lui donner le visage le plus splendide, il convie des architectes et des artistes venus de Byzance pour bâtir et décorer de somptueuses églises.
Regroupés sur deux étages du Musée de l’Hermitage à Amsterdam, des icônes, des fragments de fresques, des vêtements et objets liturgiques, des ouvrages historiques, soit près de trois cents œuvres d’art, nous plongent dans le monde éblouissant de la religion orthodoxe tout en présentant un tableau quasi complet des traditions mystiques et artistiques de l’Église russe. 
C’est d’abord l’univers des églises orthodoxes qui est évoqué, à travers des maquettes et des photographies des principaux lieux religieux, dont l’église de la Dîme, construite sur le modèle des églises byzantines à transept et à coupoles, qui va constituer le prototype de la plupart des églises érigées dans les années suivantes. Un peu plus loin, une impressionnante reconstitution d’iconostase, la cloison surchargée d’icônes qui sépare le sanctuaire de la nef, donne une idée de la taille et de la solennité de cet objet supposé être une porte vers le monde divin.

D’abord très proche de l’iconographie byzantine de Constantinople, celle de la religion orthodoxe russe intègre peu à peu ses propres codes et rites. Les fêtes, notamment celle de Pâques, et les saints chrétiens prennent progressivement une tournure plus slave. Enfin, la religion orthodoxe est indissociable de ses icônes, qui représentent pour les croyants l’expression visible de l’Évangile. 
On assiste ainsi à la naissance de la peinture d’icônes, qui prend sa source à Kiev dans la Russie ancienne (voir les fresques de Pskov), puis se développe à Moscou, lorsque la ville devient le centre de la foi orthodoxe. Extrêmement codifiées, les icônes subissent au XVIIe siècle l’influence croissante de l’art occidental et disparaissent au début du XXe siècle avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviques, qui fermèrent les églises et en vendirent les pièces antiques. Un fait tragique dans l’histoire qui contribue à rendre uniques ces trésors du patrimoine religieux russe.

Voir

« Splendeur et gloire. L’art de l’Église orthodoxe russe »
Musée de l’Hermitage, Amsterdam (Pays-Bas), www.hermitage.nl, jusqu’au 16 septembre 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°636 du 1 juin 2011, avec le titre suivant : Trésors de l’Église orthodoxe russe

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