Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez (83)

Manguin, fauve tranquille

Du 18 juin au 3 octobre 2011

L'ŒIL

Le 20 avril 2011 - 395 mots

Collioure, L’Estaque, Saint-Tropez… ces hauts lieux de la nouvelle peinture au tournant du XIXe et du XXe siècle ont été le refuge des artistes en quête de nature et de lumière et le berceau du fauvisme, première révolution picturale du XXesiècle.

En 1904, Saint-Tropez n’était encore qu’un village, un petit port isolé « découvert » une dizaine d’années auparavant par Signac, théoricien du néo-impressionnisme et marin amateur.  

C’est pour le rejoindre que Henri Manguin s’y rend pour la première fois cette année-là : la Côte d’Azur devient alors sa patrie d’adoption. « Saint-Tropez, l’Oustalet, la mer, la vraie […] je m’y sens chez moi », écrit-il en 1924 à Albert Marquet, autre habitué de la région. À partir de 1904, presque chaque année, il se rend sur la côte méditerranéenne, y retrouvant non seulement Signac et Marquet, mais aussi  Théo Van Rysselberghe, Cross, Bonnard, Lebasque, Othon Friesz, Henri Matisse… 

Le musée de l’Annonciade a décidé de rendre hommage à cet artiste déjà présent dans ses collections, à travers une quarantaine d’œuvres de jeunesse réalisées à Saint-Tropez et sur la côte. Les belles salles de cette ancienne chapelle accueillent pour l’été des peintures et des aquarelles rarement montrées au public, pour la plupart issues de collections privées.

Si Manguin a exposé dans la « cage aux fauves », la fameuse salle VII du Salon d’automne de 1905 qui marque la naissance du fauvisme, il apparaît néanmoins comme plus modéré que Matisse, Derain et Vlaminck. Comme eux, il recherche l’expression par la couleur pure, mais il est moins radical, mêlant ou faisant alterner couleurs violentes et réminiscences d’un clair-obscur classique, compositions dynamiques et paysages sereins. 

Retrouvant dans les paysages méditerranéens un âge d’or où tout est « ordre et beauté, luxe, calme et volupté », il transforme son épouse en baigneuse,  en naïade, en faunesse, ou tout simplement en personnage contemplant le coucher de soleil tropézien. Il capte les reflets colorés sur les chênes, les pins et les oliviers et peint le rythme des bateaux et de leurs mâts, sans théorie ni volonté affirmée de rupture avec la tradition. 

Son ami Matisse appelait de ses vœux « un art d’équilibre, de pureté, qui n’inquiète ni ne trouble » : une définition qui convient parfaitement à l’art de Manguin

Voir

« Henri Manguin », musée de l’Annonciade, place Grammont, Saint-Tropez (83), www.saint-tropez.fr/fr/culture, du 18 juin au 3 octobre 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : Manguin, fauve tranquille

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