Dans l’entourage de Le Corbusier

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 19 avril 2011 - 545 mots

«Ici, on ne brode pas des coussins.”¯» C’est par cette formule sans appel que l’architecte le plus radical de l’époque reçoit la jeune Charlotte Perriand un après-midi de 1927.

Dans ses mémoires, Charlotte Perriand révèle que c’est après avoir lu son manifeste Vers une architecture et L’Art décoratif aujourd’hui qu’elle décida de travailler pour Le Corbusier. Il passe pour être l’architecte le plus révolutionnaire de son temps. Il élabore des concepts architecturaux radicaux en réponse aux aspirations de la société moderne. En 1914 il a développé la première de ses idées révolutionnaires : la structure de béton armé supportée par des poteaux d’acier. Depuis 1922, il collabore avec son cousin Pierre Jeanneret.

Lorsqu’un après-midi de 1927, les cheveux coupés à la garçonne et parée de son collier « à roulements à billes », la jeune décoratrice va le voir un carton de dessin sous le bras, la réponse de ce dernier fuse : « Ici, on ne brode pas des coussins. » Jusqu’en 1937, elle partagera avec lui le souci de la rigueur et du minimalisme résumé par ce précepte : « La fonction crée l’objet ». Il l’associe avec Pierre Jeanneret à sa théorie sur l’équipement des casiers, des chaises et des tables initiée en 1925 au pavillon de l’Esprit nouveau et la charge de mettre ses principes en application. Un rôle « inespéré » dit-elle à propos de celui qu’elle appelle « Corbu », et qui l’amènera plus tard à s’intéresser à l’architecture.
 
Minimalisme et modularité
Le Corbusier est convaincu de la nécessité de changer la vie, d’exploiter des connaissances nouvelles, de tendre à l’harmonie dans un milieu repensé, rénové. Au Salon d’automne de 1929 intitulé « L’équipement intérieur de la maison », les deux créateurs imposent une conception nouvelle de l’aménagement de l’espace : il devient modulable grâce à des cloisons coulissantes, des unités de rangement murales en verre et en acier chromé séparent les espaces, quant au mobilier, il est conçu indépendamment des pièces et peut ainsi trouver sa place aussi bien dans un salon que dans un bureau.

À partir de 1930, Le Corbusier se consacre davantage à l’architecture et à l’urbanisme. Dans le gigantesque pavillon des Temps nouveaux de l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937, il imagine le musée d’Habitation populaire où sont montrées les qualités de l’urbanisme moderne. Charlotte Perriand en est le maître d’œuvre. La réalisation difficile de ce pavillon et des tensions naissantes avec Le Corbusier la pousseront à démissionner en 1937.
En 1952, ils renouent dans le cadre de l’unité d’habitation de Marseille, connue sous le nom de Cité radieuse, pour laquelle elle conçoit une série de mobilier intégré.

Autour de l’exposition

Informations pratiques. « Charlotte Perriand. De la photographie au design », jusqu’au 18 septembre 2011. Du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 20 h. Fermé le lundi et les jours fériés. Tarifs : 6 euros à 8 euros. www.petitpalais.paris.fr

Découvrir l’architecture des Arcs. C’est avec la station des Arcs que Charlotte Perriand réalise la plus grande œuvre de sa vie. Pionnière, elle conçoit le modèle même de la station de loisirs alpins grand public, avec des immeubles s’intégrant « en cascade » aux montagnes et des studios fonctionnels. Pour une visite guidée instructive de l’urbanisme et de l’architecture des Arcs, rendez-vous sur le site www.parcoursinventaire.rhonealpes.fr/stationski de la région Rhône-Alpes (rubrique les Arcs).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°635 du 1 mai 2011, avec le titre suivant : Dans l’entourage de Le Corbusier

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