Michel Deléan, Adjugé, volé. Chronique d’un trafic à Drouot

Si l’ouvrage n’apporte pas beaucoup d’informations nouvelles, il donne pleinement la mesure d’un vaste trafic qui pourrait remonter à plus d’un siècle. 

Le style alerte et narratif qui fait toute la saveur des chroniques judiciaires des journaux trouve ici un terrain favorable. On sourit à la lecture des piteux aveux des cols rouges, pris la main dans le pot de confiture. Mais un pot de confiture qui peut rapporter gros, comme ces meubles d’Eileen Gray qu’ils ont « mis à l’abri » lors d’un inventaire dans un appartement parisien, sans en connaître vraiment la valeur, et dont la revente a permis à l’un des voleurs de s’acheter une brasserie. On referme l’ouvrage en se demandant comment un tel système, qui manifestement était connu de tous, a pu prospérer si longtemps. Et de constater que, là comme ailleurs, la force de l’habitude émousse le sens critique et les frontières de la morale.