Durant la guerre 1914-1918, la plume au bout du fusil

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 16 mars 2011 - 351 mots

En 1915, à soixante-trois ans, Forain s’engage sous les drapeaux, scandalisé par le sac de Reims et la blessure de son fils au front.

Il n’a jamais fait mystère de son patriotisme et son âge n’est pas un frein à ses convictions. Forain intègre la section de camouflage et fournit pendant toute la durée du conflit des dessins à L’Opinion, Le Figaro, Oui et L’Avenir. C’est un témoin direct, fidèle au corps de l’armée, entièrement dédié au sujet de la guerre. Durant les années que durera le conflit, plus rien d’autre qu’être correspondant de guerre ne l’intéresse. En tout, deux cent huit dessins qu’il publie en 1920 en deux volumes sous le titre De la Marne au Rhin.

L’un de ses plus célèbres dessins, publié le 22 mars 1916 et devenu par la suite un tableau, s’intitule La Borne et montre un paysage de cadavres, face contre terre, entourant une borne kilométrique indiquant « Verdun 11 km ». La guerre s’est enlisée et l’absence d’horizon en est le symbole. Le nombre des morts est terrible. Forain se fait un devoir de témoigner aussi souvent que possible malgré les restrictions de papier et les moyens de communication parfois rudimentaires.

Des dessins bombardés sur les troupes ennemies
Forain parle et dessine au nom des soldats, il réalise des affiches de propagande pour promouvoir des œuvres de bienfaisance. Certains de ses dessins sont reproduits sur des tracts et lâchés par avion sur les lignes ennemies. La Borne était dans ce cas accompagnée d’une citation en allemand tirée de Wallenstein, la trilogie pour le théâtre de Schiller (1799) : « Jusqu’ici, Wallenstein, et pas plus loin. » Un travail de sape qui se répéta à plusieurs occasions.

Forain ne faisait pas toujours dans la finesse, martelant son soutien, envoyant le plus souvent possible ses chroniques de la guerre. Il reconnaît l’influence des Désastres de la guerre de Goya dont il appréciait les commentaires percutants, les ambiances assombries, la violence, la bassesse humaine. Ses œuvres sont en effet empreintes de l’influence du maître espagnol mais peut-être trop ancrées dans un patriotisme circonscrit pour atteindre sa puissance universelle.
 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°634 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Durant la guerre 1914-1918, la plume au bout du fusil

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