Musée d’Art moderne de Céret

Patrick Loste, féroce libertaire

Jusqu’au 22 mai 2011

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 14 mars 2011 - 367 mots

« Lorsque Joséphine Matamoros m’a proposé l’an dernier une exposition, les espaces du rez-de-chaussée du musée d’Art moderne de Céret m’ont inspiré pour développer cette question de frontière qui me tenaille depuis longtemps et que, faute de lieu, je n’avais pas eu la possibilité d’explorer. »

Effectivement, l’incursion dans cette question sociétale ne pouvait que réjouir Patrick Loste, enfant des Albères, massif frontalier entre l’Espagne et la France où il vit et peint sur différents supports, depuis de longues années, la force de cette nature catalane entre figuration et abstraction. 

Le titre de l’exposition, « Cave Canem » (« Prends garde au chien ») – repris des trois grands diptyques disposés en préambule –, énonce les dérives induites par la création de ce tracé fixé arbitrairement. L’expression féroce et menaçante de ces chiens de garde dressés face à face, image allégorique de la frontière, donne le ton des trois chapitres à venir, nourris d’œuvres conçues spécialement pour les salles du musée, à commencer par cette immense toile agrafée d’un bout à l’autre de la première salle, des Hommes de nulle part aux silhouettes de clandestins à peine évoquées, spectres humains dont on ne sait d’où ils viennent et que Les Hommes du milieu, policiers aux figures garantes de la sécurité du territoire, peints sur papier, installés dans la deuxième salle, traquent. 

Mise en scène de situations paroxysmiques que Les Demoiselles de la Jonquera, série de huit toiles imposantes, variante des Demoiselles d’Avignon, déclinent en figures féminines des bordels de La Jonquière, ville espagnole frontalière, recensée comme le plus grand centre de prostitution en Europe. La tonalité noire, blanche et grise des toiles tranche avec les ocres, les bleus, les rouges des œuvres précédentes, et le motif cru énonce avec force et intensité un commerce que la dernière salle reprend sur bâches où Lupas et Lycantropes s’ébrouent gueules écumantes sans jamais s’unir, dans une frénésie symptomatique d’une société à la dérive dans laquelle l’œuvre de Patrick Loste, à la recherche perpétuellement de sens, trouve une nouvelle fois matière à toucher au plus près à la substance de son sujet.

Voir

« Patrick Loste, Cave Canem », Musée d’Art moderne de Céret, 8, bd Maréchal-Joffre, Céret (66), www.musee-ceret.com, jusqu’au 22 mai 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°634 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Patrick Loste, féroce libertaire

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