Musée de la Vie romantique

Coup de pelle anglais dans le jardin à la française

Jusqu’au 17 juillet 2011

L'ŒIL

Le 14 mars 2011 - 349 mots

Le musée de la Vie romantique présente une importante exposition sur une période décisive de l’histoire du jardin français, du siècle des Lumières au romantisme.

Imprégné jusqu’alors par le style régulier de Le Nôtre, le jardin français, synonyme de symétrie, symbolisant la domestication de la nature et démontrant la puissance de l’homme, se transforme progressivement sous l’influence anglaise. La nouvelle esthétique privilégie la redécouverte de la nature d’un point de vue sauvage et poétique, en exploitant les accidents d’un site, ses irrégularités. Les reliefs deviennent des belvédères, les escarpements des grottes, les chemins rectilignes, tortueux…
 
À cela, vient s’ajouter, par le biais de la philosophie, l’idée d’éduquer la sensibilité pour rendre l’individu plus moral, tel que le conçoit Jean-Jacques Rousseau dans sa Nouvelle Héloïse, à savoir que la vie de l’homme au sein de la nature est source de régénération. Les moulins, les laiteries, les fermes, les bergeries, qui ponctuent le parcours du promeneur solitaire, incarnent cet idéal de pureté. Mais l’aspiration au bonheur étant liée à la nostalgie du passé, elle affecte notre âme, elle est source de mélancolie. Cette mélancolie annonce le parc romantique. Les fabriques, les ruines, les cénotaphes, les tombeaux en sont des exemples éloquents. 

Ces fondements du jardin pittoresque « à l’anglaise » sont visibles, entre autres, à Méréville, à Ermenonville, à la Malmaison, à Monceau, au Petit Trianon, ainsi que dans la peinture de l’époque. Vue des jardins de Monceau, la remise des clefs au duc de Chartres, attribué à Carmontelle, témoigne de la diversité des constructions dans un même lieu, tandis que Louis-Léopold Boilly peint Marie-Catherine Giroust et son frère Eugène dans un parc, romantique, agrémenté d’un temple circulaire et d’un tombeau à l’antique. 

Si sous la Restauration et la monarchie de Juillet, le jardinage devient un véritable art de vivre, en conquérant toutes les couches sociales, la botanique investit autant la peinture que les arts décoratifs.

Voir

« Jardins romantiques français (1770-1840). Du jardin des Lumières au parc romantique », musée de la Vie romantique, 16, rue Chaptal, Paris (IXe), tél. 01 55 31 95 67, www.paris.fr, jusqu’au 17 juillet 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°634 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Coup de pelle anglais dans le jardin à la française

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