Le jour d’après ou des effets sans causes

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 28 janvier 2011 - 338 mots

Ces dernières années, le cinéma nous a servi des scenarii catastrophes voyant la terre disparaître en d’affreuses convulsions climatiques. La littérature environnementaliste « sérieuse », elle non plus, n’est pas en reste.

Après des années d’opus équilibrés prônant une éthique verte, elle retourne à ses premières amours catastrophistes avec des titres comme La Terre sous les eaux, La Guerre du climat et autres appels à envisager un futur sans ciel dégagé.  « Geste serpentine » est la dernière proposition en date du Frac Lorraine et s’aventure dans les eaux troubles « d’un jour d’après » dont on ignore les causes. Des messages sans auteur s’effacent progressivement à la lumière du jour (2017, Pratchaya Phinthong), un simple cercle de lumière tracé dans une planche de bois occultante par Corey McCorkle dans une salle plongée dans l’obscurité (Heiligenschein, soit « auréole » en français) déclenche la mécanique des fantasmes et peurs. Le soleil va-t-il vraiment s’éteindre un jour ? L’exposition nous apprend que le calendrier maya (civilisation vénérant l’astre solaire) s’arrête au 21 décembre 2012. Et après, quoi ? Le déluge ?

Comme à son habitude, Béatrice Josse, chef d’orchestre du Frac, n’illustre pas, elle induit. Elle concocte des cadres, des atmosphères à l’aide des œuvres, déniche des petites merveilles comme cette installation du jeune Pierre-Étienne Morelle, Grow, une bande de chambres à air mises bout à bout. Ces dix kilomètres sont alors roulés en boule. Une nouvelle planète entourée de chutes, objet non identifié et sombre, cette masse souligne son geste dérisoire et son rapport désormais atrophié au voyage. Elle fait écho à l’autre œuvre majeure du parcours en neuf artistes, Firmament III d’Antony Gormley, invasion arachnéenne d’une salle. Saturation visuelle de filins d’acier, l’installation laisse finalement le visiteur pénétrer sa matière comme un voyage dans un espace-temps parallèle, une dimension incertaine, certainement bien au-delà de la quatrième. Une invitation au songe ou à l’anticipation, c’est selon ses envies.

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« Geste serpentine et autres prophéties », FRAC Lorraine, 1 bis, rue des Trinitaires, Metz (57), jusqu’au 1er mai 2011

Légende photo

Antony Gormley, FIRMAMENT III, 2009, vue de l’installation, courtesy Xavier Hufkens, Bruxelles. © Photo : Allard Bovenberg

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°632 du 1 février 2011, avec le titre suivant : Le jour d’après ou des effets sans causes

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