Paris au XIXe comme si vous y étiez

L'ŒIL

Le 28 janvier 2011 - 416 mots

Vingt-quatre heures dans la vie parisienne entre 1835 et 1905, à travers l’œuvre de trois grands peintres de la vie moderne, qui surent allier le fugitif et l’éternel : voici ce que nous propose l’exposition « La Vie au quotidien », qui réunit Daumier, Steinlen, Toulouse-Lautrec.

À l’époque de l’essor spectaculaire des journaux, ces artistes font du dessin de presse un art à part entière. Publiées à plusieurs milliers d’exemplaires, les images qu’ils créent témoignent de leur temps et contribuent à façonner l’époque, à construire le Paris légendaire du xixe siècle. Daumier, avec son trait incisif et son sens du cadrage inattendu, dresse un tableau humoristique de ses contemporains. Passant de la caricature politique au croquis de mœurs sous le Second Empire, en raison de la censure, il évoque, avec son regard balzacien et à l’aide de son « espèce d’argot plastique » admiré par Baudelaire, les réalités de son temps : le mal- logement (Agréable vue dont jouissent exclusivement les locataires des sous-sols), les transformations de la grande ville reconstruite par Haussmann (Vue prise dans la nouvelle rue de Rivoli), la grande course au divertissement (Des Parisiens dans l’attente du plaisir)… L’exposition montre surtout des lithographies parues dans Le Charivari entre 1836 et 1866, conservées en grande partie du musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis.

Steinlen se souviendra de l’art de son prédécesseur dans les dessins qu’il livre au Rire, au Gil Blas, au Mirliton. Moins incisif que Daumier, il se fait le chantre du petit peuple. Grisettes, ouvriers, vagabonds et gamins de Paris sont ses personnages favoris. Familier du cabaret Le Chat Noir ouvert au pied de la butte Montmartre en 1881, il devient l’illustrateur du chansonnier Aristide Bruant.

L’autre grand témoin de Montmartre et créateur de ce quartier comme mythe, Toulouse-Lautrec, a immortalisé les nuits parisiennes dans ses portraits d’Yvette Guilbert, de Jane Avril, de Cha-U-Kao, aux gueules truculentes et aux corps élastiques. Ce n’est pas le peintre, mais le dessinateur de presse, qui publie ses portraits et ses scènes de caf’conc’ dans Le Mirliton, Le Rire, La Revue blanche, et l’affichiste que l’on voit au palais Lumière, à travers des œuvres venant en grande partie de collections privées. Observateurs de leur temps, ces trois artistes auront su récolter, « en flânant dans Paris, la masse de jouissances flottantes, à toute heure, entre ses murailles ». (Balzac)

Voir

« Daumier, Steinlen, Toulouse-Lautrec. La Vie au quotidien », palais Lumière, rue du Port, Évian (74), tél. 04 50 83 15 90. jusqu’au 8 mai 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°632 du 1 février 2011, avec le titre suivant : Paris au XIXe comme si vous y étiez

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