Un Picasso d’anniversaire

Si nous sommes habitués aujourd’hui à assister à d’immenses rétrospectives muséales dédiées à des artistes illustres, le phénomène est pourtant récent. En 1932, lorsque le Kunsthaus de Zürich organise la première rétrospective de Pablo Picasso, alors âgé de 50 ans et déjà mondialement connu, l’exposition est l’une des premières du genre pour un artiste vivant. L’événement fut un immense succès : près de trente-quatre mille personnes viennent admirer les deux cent vingt-cinq œuvres mises en scène par l’artiste lui-même. 

Pour célébrer les cent ans du musée, le commissaire Tobia Bezzola est parvenu à réunir un tiers des œuvres qui étaient exposées en 1932. Fidèle au scénario d’origine, l’exposition met l’accent sur les grands moments de recherche de l’artiste, sa période bleue, sa période rose, le passage au cubisme, la phase mondaine, son rapprochement avec le surréalisme, les grandes natures mortes et les séries de portraits de Marie-Thérèse Walter. 

En plus de soixante-quatorze peintures et des quatre sculptures présentées à l’époque, on trouve une trentaine de feuilles graphiques qui représentent des portraits, des scènes mythologiques, des natures mortes et des nus. Parmi les pièces phare, Le Peintre et son modèle (1927), rarement exposé en Europe, est prêté par le Contemporary Museum de Téhéran. Le musée n’oublie pas non plus de retracer la genèse de l’exposition d’origine ainsi que l’accueil qu’elle reçut. Si le public parut enthousiaste, le psychologue Carl Gustav Jung qualifia le peintre de schizophrène.