Le Duchamp fait le bilan de ses 10 ans

Créée en 1994, présidée par Gilles Fuchs, elle peut aujourd’hui s’enorgueillir d’avoir contribué à revivifier la scène artistique hexagonale. Non seulement elle s’est engagée dans le regard critique en créant en 2000 le prix Marcel Duchamp, mais elle a rendu visible l’action passionnée de ses membres en organisant depuis 2004 une exposition triennale, intitulée « De leur temps », montrant un choix de leurs acquisitions.

Pour le dixième anniversaire de son prix, l’Adiaf a choisi de consacrer celle-ci à la présentation d’œuvres des nommés et des lauréats que ses membres ont dans leur collection. La quarantaine d’artistes et les cent cinquante œuvres qu’elle rassemble à Strasbourg et à Sélestat offre à voir un panel très éclectique. S’il acte l’ouverture d’esprit des soixante-quinze collectionneurs qui ont joué le jeu, il témoigne surtout de leur appétence à l’invention plastique, même si celle-ci reflète parfois un effet de mode. Constituée en sept sections dont « l’actualité » (Blanckart, Wang Du, Attia), « de l’autre côté du miroir » (Ramette, Barbier), « la vie mode d’emploi » (Closky, Ardouvin, Belin) ou bien encore « villes et architectures » (Cognée, Couturier, Marcel), « De leur temps (3) » fait surtout place à une production d’œuvres fabriquées, d’objets et d’installations. La peinture, pourtant en pleine santé, n’y est guère considérée.

Pensé en équivalence aux différents prix nationaux qui ont fleuri à l’étranger au cours des vingt dernières années, le prix Marcel Duchamp a pris pied sur la scène française et il est attendu chaque année avec grande curiosité. À l’international, c’est une autre affaire, mais on peut penser que les différentes actions que mène l’Adiaf y contribueront avec le temps, comme celles qui l’ont été à Madrid, à Moscou, à Cologne. Question de temps, justement.