Le modèle vivant, résurrection d’un temps révolu

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 16 décembre 2010 - 234 mots

Un juste milieu. Telle pourrait être la définition de la beauté sous l’Ancien Régime. Un juste milieu entre l’imitation de la nature, sans médiation, et la recomposition de celle-ci, par le truchement d’artifices.

Entre l’observation et l’interprétation se situe la tâche – sublime parce que délicate – de l’artiste, funambule d’autant plus génial qu’il parviendra à arranger la nature pour la perfectionner, voire la parfaire. Un illusionniste et un équilibriste, donc, tel Paul Barbier essayant d’arrimer son Homme de dos penché vers la gauche (1782) à des influences stabilisatrices. 

L’Antiquité, modèle d’entre les modèles
En tant que l’art consiste en une re-présentation idéale, mieux, idéelle du monde, il implique des modèles dont l’efficience tient précisément à leur aptitude à combiner la réalité tangible et la hauteur intellectuelle.
Or, c’est l’Antiquité qui, des siècles durant, assume ce rôle de Modèle majuscule [Lire événement p. 42], et ce bien qu’elle ne soit accessible que par des vestiges fragmentaires ou des reproductions estampées. Toute la syntaxe artistique de l’Académie conflue vers quelques idiomes antiques, depuis Nicolas Mignard, dont l’Hercule (1664) emprunte à la célèbre figure homonyme de Naples, jusqu’à Nicolas de Largillierre et son Homme mordu par un serpent (vers 1700-1709), traduction actualisée du Laocoon.
Lourde responsabilité, donc, que celle d’un modèle dont le corps, transformé en épiphanie, devait incarner l’harmonie anatomique et la leçon antique, figurer et transfigurer la nature, dire la beauté comme la vérité...

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°631 du 1 janvier 2011, avec le titre suivant : Le modèle vivant, résurrection d’un temps révolu

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