Musée Würth, Erstein (67) Jusqu’au 9 janvier 2011

Petite mythologie de Karlsruhe

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 28 octobre 2010 - 347 mots

Quelque part sur un axe étourdi entre Paris et Berlin, au sud de l’Allemagne et au nord du Land de Bade-Wurtemberg, se tient Karlsruhe. C’est sur cette hypothèse fragile mais concluante que le musée Würth et son commissaire Axel Heil ont bâti leur exposition.

Une relecture joliment contextualisée d’un xxe siècle – essentiellement pictural – qui aurait divagué du côté de Karlsruhe. En ligne de mire : le jeu du déterminisme géographique. En sous-texte, un  axe dynamique plus ou moins stabilisé entre les trois villes. Et en sous-texte bis, une tranche d’art postée dans l’histoire du siècle, coincée entre deux vents, et se payant le luxe d’en nourrir quelques rafales. 

On suit alors les balbutiements agités d’une scène qui aura largement profité de l’axe Paris-Berlin dans les années 1920, puis la génération perdue, « le brouillard d’après-guerre », la résistance à l’abstraction, la prise en charge de l’histoire, le limogeage du tuteur parisien, la mythologie d’une école propre par la Nouvelle Figuration dans les années 1960, les influences successives de Düsseldorf, de Fribourg, jusqu’au modèle berlinois vers lequel filent aujourd’hui tous les jeunes artistes.

Résultat : un parcours jalonné d’émetteurs et de récepteurs ; il y a ceux qui sont partis, ceux qui sont revenus, ceux qui ont nourri, ceux qui ont été exclus. Il y a là les figures emblématiques, Hans Kuhn, Georg Baselitz, Markus Lüpertz, Anselm Kiefer, ou Stephan Balkenhol mais aussi les quelques oubliés ou malconnus de ce côté-ci du Rhin, à l’image des compositions de souche franchement puriste de Willi Baumeister (1889-1955) ou des tardifs reliefs géométriques de Marcelle Cahn (1895-1985). 

C’est aussi et surtout l’occasion d’y raccrocher la jeune scène. Elle aussi reste attachée au format et au chevalet. Elle aussi se déplace. Elle aussi garde une main sur la Figuration et l’autre sur une forme de brutalité ironique et théâtrale. Ne pas manquer alors le trait érudit mais barbare d’Uwe Lindau ou les géographies turbulentes du Suisse-Marocain Lina Gschwind.

Voir

« Paris Karlsruhe Berlin, vents d’est et d’ouest », musée Würth, ZI Ouest, rue Georges-Besse, Erstein (67), www.musee-wurth.fr, jusqu’au 9 janvier 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : Petite mythologie de Karlsruhe

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