Art contemporain

LAAC, Dunkerque (59) Jusqu’au 5 mars 2011

Jacques Doucet, nouvelle piqûre d’un CoBrA

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 28 octobre 2010 - 348 mots

Exposer Jacques Doucet en 2010, c’est prendre le risque de déconcerter un public aujourd’hui habitué, pour ne pas dire conditionné, à appréhender les œuvres en quelques secondes puis à se référer immédiatement aux écrits et aux discours pour trouver un sens à ce qu’il voit.

Face à un collage, une gouache, une huile ou une céramique de Doucet, il faut oser regarder, simplement regarder, en acceptant de ne pas voir autre chose que la réalité, la matérialité de cette chose que l’artiste a mise au monde juste parce qu’il le fallait. Comme une nécessité intime.  Doucet sut rester un artiste libre, souverain. Sans courage particulier. Parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Libre de ne jamais savoir d’avance ce qu’il allait réaliser, libre de ne jamais refaire ce qu’il semblait avoir réussi, ce qui avait plu. Seul lui importait de « faire le tour de sa maison mentale ». Son ami le poète Christian Dotremont, avec lequel il a participé à l’aventure de CoBrA, le campe ainsi en deux lignes : « Je ne tombe jamais dans la gueule du goût. Et je ne vais dans les musées que pour enlever les muselières. » 

Les quatre-vingts œuvres exposées au LAAC de Dunkerque, pour la plupart issues de collections privées, témoignent des recherches qui placent l’expérimentation au cœur du travail de Jacques Doucet. Expérimentation des formes au-delà des querelles abstraction-figuration, expérimentation des matières transgressant la tradition d’unité matérielle de l’œuvre par la diversité des techniques : collages, grattages, pétrification, étroitement associés au dessin et à la peinture. Expérimentation également des couleurs et des gestes de l’artiste en des improvisations proches du graffiti, du dessin d’enfant, de l’art brut. Expérimentation enfin au travers de la poésie des titres : Rêver plus longtemps que sa nuit, Le Nuage en pantalon. Audacieux poète des formes, des matières, des couleurs et des mots, Jacques Doucet le fut sans retenue.

Voir

« Jacques Doucet, le CoBra français », Lieu d’art et d’action contemporaine (LAAC), Jardin de sculptures, Parking rue des Chantiers-de-France, Dunkerque (59), tél. 03 28 29 56 00, www.ville-dunkerque.fr, jusqu’au 5 mars 2011.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : Jacques Doucet, nouvelle piqûre d’un CoBrA

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