Le boom mobilier de l’après-guerre

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 30 septembre 2010 - 361 mots

Du rationalisme à l’hédonisme. Ainsi pourrait-on qualifier cette période qui s’étale, en France, entre 1945 et 1975, et que l’on appelle communément « Les Trente Glorieuses ».

Côté mobilier, ces trois décennies témoignent, en effet, à plus d’un titre, du formidable essor d’une nouvelle activité : celle de designer industriel. C’est précisément le fil conducteur de cette exposition que propose le musée des Arts décoratifs, à Paris, et qui s’intitule « Mobi-boom, l’explosion du design en France, 1945-1975 ».

Durant ce laps de temps, le mobilier va vivre une véritable révolution, aussi bien du point de vue de l’esthétique que des matériaux. Ce chamboulement, qui s’inscrit évidemment dans le contexte économique, social et artistique bouleversé de l’après-guerre, s’accompagne, en outre, à la fois d’une démocratisation de la production – à travers la fabrication en série – et de la création de nouveaux circuits de distribution. Bref, une concordance de situations et de volontés, due notamment à l’audace de certains éditeurs de mobilier, qui favorise l’émergence et le développement de nouveaux modes de vie.

Chaque époque exhibe son style. Ainsi, dès les années 1950, les nouvelles formes générées par la reconstruction se déclinent, de fait, dans l’habitat. Un vent de fonctionnalisme souffle alors sur la production mobilière. Les Charlotte Perriand, Joseph-André Motte, Marcel Gascoin et autres Pierre Jeanneret affichent leur vision rigoriste et néanmoins pratique du mobilier. Bercée par moult utopies, la décennie suivante, celle des « Sweet Sixties », voire le début des années 1970, s’emploie, elle, à gommer ce minimalisme, optant, au contraire, pour des lignes plus fluides, doublées de couleurs pop. Marc Held, Pierre Paulin, Olivier Mourgue ou Michel Ducaroy inventent, eux, un style de vie plus décontracté, voire impertinent. Dans les deux cas, c’est l’émergence de nouveaux matériaux – d’abord le métal, le contreplaqué, les panneaux de particules, puis, évidemment, le plastique, les polymères et autres mousses de PVC – qui stimule la création. En témoignent les affiches publicitaires, photographies, films et cent-cinquante meubles, ici réunis, dans une scénographie signée par le designer Pierre Charpin.

« Mobi-boom, l’explosion du design en France, 1945-1975 », musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris Ier, www.lesartsdecoratifs.fr, jusqu’au 2 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : Le boom mobilier de l’après-guerre

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