Plaidoyer pour Gaillon

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 29 septembre 2010 - 371 mots

C’est le monument le plus emblématique de la France des années 1500, mais aussi peut-être le plus méconnu, faute de pouvoir être ouvert au public.

Dans cette ancienne résidence d’été des archevêques de Rouen, située dans une boucle de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Rouen, le peintre italien Andrea Solario (vers 1470-1475-1524) peignit, en 1507, des fresques (disparues), mais aussi des tableaux de chevalet comme La Vierge au coussin vert et La Déploration, aujourd’hui conservés au musée du Louvre.

Des œuvres d’Andrea Mantegna faisaient également partie de la collection du maître des lieux, le cardinal Georges d’Amboise. Modernisé à partir de 1502 par le prélat, qui était aussi premier ministre de Louis XII et vice-roi de Lombardie, le château est alors transformé en palais de la Renaissance entouré de vastes jardins. Mais l’architecture de Gaillon conserve malgré tout un caractère composite propre à l’art français du début duXVIe siècle. Ses grands combles droits et son escalier en vis hors œuvre n’ont en effet rien d’italien. Les médaillons à l’antique importés par le cardinal et montés sur la façade à partir de 1508, mais aussi les ornements des pilastres, inspirés de la chartreuse de Pavie, ou l’arc de triomphe à l’antique donnent en revanche une tout autre allure au château. 

Une trop petite restauration
Mais les vicissitudes de l’histoire n’ont pas épargné Gaillon. Après une destruction partielle sous la Révolution, plusieurs de ses éléments ont été sauvés par Alexandre Lenoir et remontés dans la cour de son musée des Monuments français, qui allait devenir celle de l’École des beaux-arts. Abandonné et dépecé, le château est finalement racheté par l’État en 1975. Commence alors un lent et coûteux travail de restauration, consistant notamment au remontage des fragments parisiens. Aujourd’hui, seuls les abords du château – dont le chantier est loin d’être achevé – peuvent être visités. Les appartements du cardinal, en cours de restauration, pourraient toutefois être prochainement accessibles.

Si le château a été proposé sans succès aux collectivités en 2004, certains nostalgiques caressent encore le rêve d’y voir revenir tous les fragments dispersés dans les collections publiques : une fontaine et un retable sculpté au Louvre, des boiseries à Écouen, des stalles à Saint-Denis, quelques fragments lapidaires à Rouen…

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : Plaidoyer pour Gaillon

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