La nouvelle vague des musées

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 17 mai 2010 - 385 mots

Premier établissement public national décentralisé, le Centre Pompidou-Metz vient d’être inauguré avec tambours et trompettes. Ce nouvel équipement s’inscrit dans un maillage international de nouvelles institutions qui modifient peu à peu l’ADN des musées.

Comme tous les ans, la belle saison charrie son lot d’ouvertures de nouveaux musées dans le monde. Si cette année, en France, le Centre Pompidou-Metz entend bien tenir la vedette [lire p. 26], d’autres établissements rouvriront agrandis et rénovés, tel celui de Villeneuve-d’Ascq à l’automne. Cela en attendant l’achèvement de grands programmes, le musée des Confluences de Lyon (2011), le Louvre-Lens, le musée Soulages de Rodez (2012) et le Mucem de Marseille (2013).

Pendant ce temps, d’autres sites, situés à l’écart des flux touristiques ou dotés de collections plus pointues, attendent une rénovation qui ne vient pas, au risque d’une menace pour leur existence… Ainsi se dessine le paysage muséal, fondé sur une dichotomie entre établissements spectaculaires et musées perpétuant une tradition que d’aucuns jugeraient obsolète.

Bienvenue à « muséeland »
En trente ans, en France comme à l’étranger, le nombre de musées a explosé, le profil des établissements sans collection s’est élargi et leur mutation génétique s’est accélérée [lire p. 29 et p. 31]. Plus sensibles à leur public, ils ont accru et segmenté leur offre en termes d’équipements et de visites, voire, pour certains, tenté d’explorer des structures foraines, comme le projet de Centre Pompidou mobile (lire p. 33).

Instruments désormais affirmés et confirmés de développement touristique, ils sont aussi devenus les éléments de nouvelles stratégies territoriales, économiques, sociales et politiques. Comme le souligne le muséologue Serge Renimel, « la puissance publique est prête aujourd’hui à mettre dix fois plus au prix du mètre carré qu’elle ne le faisait il y a dix ou vingt ans pour construire ou rénover un musée ».

Les musées, désormais prestataires de services, n’ont pas échappé à l’ère du spectacle ni de l’événementiel. « Il y a une sorte de paradoxe, poursuit le muséologue, qui est que toutes les décisions, toute la frénésie d’investissement sur les enveloppes des musées sont sans rapport vraiment direct avec le contenu, que ce soit en termes qualitatifs ou quantitatifs. » Cela alors que discours officiels, études et rapports continuent à déplorer la faible démocratisation culturelle de ces établissements. Sans pouvoir – vouloir ? – véritablement y remédier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°625 du 1 juin 2010, avec le titre suivant : La nouvelle vague des musées

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