L’objet en question

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 23 février 2010 - 352 mots

Ceux qui n’ont pu voir, il y a six ans, l’exposition bicéphale montée par le Frac Nord-Pas de Calais d’abord à Gênes puis à Lille, conjointement labellisées « Capitales européennes de la culture 2004 », auront cette fois l’occasion de se rattraper, si toutefois leur chemin passe par Lausanne, en Suisse.

Le musée de Design et d’Arts appliqués contemporains accueille en effet une « sélection significative » de la collection dudit Frac, laquelle se compose, à ce jour, de quelque mille quatre cents pièces – art et design confondus. Thème de la présentation : « le traitement de l’objet ».

En clair, et à travers la mise en résonance d’objets et d’œuvres d’art, ce parcours helvète incite le visiteur à comparer les visions de l’artiste et du designer et à s’interroger : le regard de l’un se distingue-t-il de celui de l’autre ? Quel est leur rapport à l’objet du quotidien ? Comment considèrent-ils l’objet ? Comment l’intègrent-ils dans leurs projets ? Vastes questions et réponses non moins ouvertes, d’autant qu’elles s’avèrent récurrentes depuis qu’un certain Marcel Duchamp a posé la question du geste même de la création en exhibant ses fameux ready-made.
 
Sont ici néanmoins réunis pour tenter d’apporter des éclaircissements, que l’on espère salutaires, une quarantaine de créateurs, dont Gaetano Pesce et Maarten Van Severen côté designers, John Armleder et Donald Judd côté artistes. Si, chez les premiers, l’objet conserve fatalement, en général, une certaine fonctionnalité, les seconds, au contraire, se font un malin plaisir de le « malmener » et de le détourner. D’où le titre de l’exposition, « Destroy Design », autrement dit : dans les projets artistiques actuels, beaucoup de mythes sont destroyed, cassés…
 
Ainsi, la Néerlandaise Barbara Visser a photographié treize « icônes » du design après les avoir fortement maltraitées – lacérées, éventrées, brûlées. Beaucoup plus joyeuse, la Suissesse Sylvie Fleury a, elle, conçu la Bedroom Ensemble en hommage à Claes Oldenburg. Sa chambre à coucher en fausse fourrure orange est effectivement délicieusement pop.

Voir

« Destroy Design », musée de Design et d’Arts appliqués contemporains, 6, place de la Cathédrale, Lausanne (Suisse), www.mudac.ch, jusqu’au 24 mai 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°622 du 1 mars 2010, avec le titre suivant : L’objet en question

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque