Art ancien

La Trinité de Roublev, icône absolue

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 23 février 2010 - 272 mots

SERGUIEV POSSAD / RUSSIE

Étrange destin que celui des icônes russes… C’est à la faveur d’une campagne de restauration menée au début du XXe siècle dans le monastère de la Trinité-Saint-Serge qu’allait resurgir, dans le flamboiement de sa palette originelle, l’une des œuvres du plus grand peintre russe de tous les temps : Andreï Roublev.

Andreï Roublev, Icône de la Trinité, 1427, tempera sur bois, 142 x 114 cm. © University of North Florida
Andreï Roublev, Icône de la Trinité, 1427, tempera sur bois, 142 x 114 cm.
© Photo University of North Florida

Car non contents de la dégager de sa gaine dorée, les restaurateurs s’appliquèrent à nettoyer les couches successives qui avaient recouvert au fil des siècles sa composition initiale. Et l’éblouissement fut à la hauteur des efforts  !

Inspiratrice des Modernes
« Après sa restauration, l’œuvre est remise à sa place et provoque un pèlerinage, non pas des fidèles, mais d’amateurs de peinture ancienne. Pour la première fois, une église russe fonctionne comme un musée. Pour la première fois, une icône y est sinon “exposée” du moins “consommée” comme une œuvre d’art », raconte Olga Medvedkova dans le volume de la collection « Découvertes Gallimard » qu’elle consacre aux icônes russes. Car c’est à une vraie relecture de ces œuvres que l’on assiste alors. Loin d’être appréhendées comme de simples supports de piété, les icônes sont pour la première fois estimées à l’aune de leurs qualités formelles. Élevées au rang de « primitifs », elles inspirent bientôt les artistes de l’avant-garde russe, comme Larionov ou Gontcharova.

Au même titre que l’imagerie populaire, l’icône joue alors, en Russie, le même rôle que celui que l’art « nègre » joue auprès des artistes français. Matisse lui-même n’avouera-t-il pas son admiration pour leur chromatisme flamboyant  ? Malevitch, quant à lui, poussera encore plus loin leur épure géométrique en créant des « néo-icônes » d’un radicalisme saisissant.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°622 du 1 mars 2010, avec le titre suivant : La Trinité de Roublev, icône absolue

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