Art contemporain

Tate Britain, Londres. Jusqu’au 16 mai 2010

Chris Ofili, ça décape !

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 janvier 2010 - 341 mots

Membre du groupe des Young British Artists apparu à Londres dans le cadre de l’exposition « Sensation » organisée par Saatchi en 1997, célébré par le Turner Prize l’année suivante, Chris Ofili, artiste d’origine nigériane, développe une œuvre figurative polymorphe souvent sulfureuse.

Il est notamment l’auteur d’un portrait de la Vierge Marie dans la composition duquel l’artiste a utilisé de la bouse d’éléphant. Exposée sans problème au Royaume-Uni, cette œuvre fit l’objet d’un énorme scandale à New York lors de la présentation de « Sensation » au Brooklyn Museum. Au nom de la morale religieuse, le maire de l’époque, suivi par l’archevêque de la ville, mena un farouche combat pour en empêcher l’accrochage, menaçant l’institution de lui couper toute subvention.
 
Après avoir acquis, quelque peu discrètement et pour un prix – dit-on – exorbitant, The Upper Room, une œuvre monumentale de l’artiste, la Tate Britain persiste et signe en consacrant à Chris Ofili une très importante exposition personnelle. Sa façon de conjuguer le sacré et le profane au cœur d’un style qui en appelle à une figuration aux accents primitivistes et qui mêle peinture, résine, collage et autres matériaux bruts en a fait l’un des représentants les plus vifs du groupe YBA.
 
Créateur d’un super-héros répondant au nom de Capitaine Shit, Ofili joue volontiers de l’allégorie en mettant ce dernier au centre de son travail, comme dans The Adoration of Captain Shit and the Legend of the Blackstars (1998). Ses dernières œuvres sont toujours aussi chargées de thèmes sensuels, bibliques et mythologiques. Elles exaltent la puissance de la couleur, de la décoration – jusqu’au kitsch parfois – et de la sexualité. Non sans une certaine dose d’humour cinglant à l’égard des travers de notre société, de ses tabous et de ses idoles. Quelque chose d’un jeu d’influences croisées du Pop Art, du néo-expressionnisme et d’un art de la paillette est à l’œuvre dans l’art de Chris Ofili qui ne laisse jamais indifférent. Soit qu’il bouscule, soit qu’il enchante.

Voir

« Chris Ofili », Tate Britain, Milbank, Londres (Grande-Bretagne), www.tate.org.uk, jusqu’au 16 mai 2010.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : Chris Ofili, ça décape !

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