Art contemporain

Frac Champagne-Ardenne, Reims (51). Jusqu’au 14 mars 2010

Lili Reynaud Dewar, l’exposition en équation

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 26 janvier 2010 - 346 mots

Les deux dernières années auront vu la belle consolidation de l’univers de Lili Reynaud Dewar, fraîchement entrée dans l’écurie de Kamel Mennour. Un univers dans lequel circulent éléments sculpturaux et performances alimentées de références historiques surdocumentées.

À Reims, le Frac Champagne-Ardenne offre à la jeune artiste l’occasion d’un déjà bilan. Mais plutôt que de se glisser dans le sillon linéaire de la rétrospective, Lili Reynaud Dewar en profite pour remettre en jeu quelques-unes de ses expositions passées. À la façon d’une poupée russe qui aurait un petit coup dans l’aile, entre additions et équations mathématiques d’un genre arbitraire. Explications : soit une action réalisée en décembre dernier au théâtre de la Comédie à Reims. Sur scène, trois performances récentes projetées en format vidéo les groupes de sculptures y afférents la reprise live desdites performances l’artiste en conférencière toute-puissante commentant ses propres œuvres. Un effet mille-feuille que Lili Reynaud Dewar déroute en intervertissant les rôles de ses performeurs, clin d’œil politique et appuyé au théâtre de Fassbinder qui militait pour une équivalence des fonctions au sein de la troupe.
 
De ce préambule naît l’exposition au Frac, dans l’espace duquel on retrouvera le film de la séance au théâtre – doublé à son tour par un jeu de miroir – et l’ensemble des sculptures, entre reliques et objets rituels. Une somme vertigineuse de procédures et de mises en abyme qui, bien loin de tourner à vide, produit un véritable récit d’exposition. Et libère un cortège de questions et d’outils critiques : quid de la performance quand il n’en subsiste que la trace, le commentaire ou le mobilier ? Quel statut pour ladite trace si la performance n’a lieu que pour être enregistrée ? De quoi est-on alors le spectateur ? À qui s’adresse l’action ? Qu’en est-il de la performance si elle n’usine qu’en coulisses ? Où démarre la production ? Où commence l’œuvre ? Ou comment réfléchir et dissocier l’ensemble des points de vue engagés dans la production d’art.

Voir

« Lili Reynaud Dewar/Antiteater », Frac Champagne-Ardenne, 1, place Museux Reims (51), www.frac-champagneardenne.org , jusqu’au 14 mars 2010.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : Lili Reynaud Dewar

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