Museum für Angewandte Kunst, Francfort

André-Charles Boulle, marqueteur viral

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 22 décembre 2009 - 403 mots

Il fut l’« Ébéniste Ciseleur et Marqueteur Ordinaire du Roi » Soleil et ses créations, sommet du luxe et de l’élégance, ont acquis le statut de chefs-d’œuvre. Pour la première fois, une exposition est consacrée à ce grand maître : André-Charles Boulle (1642-1732).

C’est dans un Paris, capitale du monde des arts, que grandit l’ébéniste. Il se forme dans l’atelier de son père, si vite et si haut qu’il lui insuffle un élan nouveau. Il reçoit, privilège exquis, les conseils du Bernin convié à fournir des projets pour la façade du Louvre. Son habileté et son génie font rapidement de lui un artiste hors du commun. Colbert, dénicheur de talents, le fait d’abord travailler pour lui puis pour la famille royale. Sa renommée atteint des sommets, Louis XIV, qui le considère comme le plus habile ébéniste de Paris, lui offre un espace de 1 000 m2 dans la grande galerie du Louvre et le privilège d’exercer son art en toute liberté. Ses créations deviennent objets de convoitise pour les princes et collectionneurs de l’Europe entière. Si la galerie du Louvre est son atelier, Versailles est durant plusieurs années son chantier. La collaboration de Boulle avec l’architecte Mansart chargé des travaux engendre des réalisations d’un perfectionnement esthétique et d’une exécution inégalés.

C’est tout d’abord avec la marqueterie florale réalisée dans de nombreuses essences de bois que Boulle fonde sa notoriété. Il traduit comme personne avant lui le rendu des pétales, des étamines, la vigueur des feuilles. Quelques exemplaires conservés dans des musées prestigieux illustrent cette première manière extrêmement élaborée, dont le cabinet au perroquet de Versailles et l’armoire de Saint-Pétersbourg sont autant de témoignages somptueux. Puis il développe la marqueterie de métaux qui consiste en une superposition d’étain, laiton ou cuivre sur fond d’écaille de tortue ou de bois, qui allait devenir pour des siècles la « marqueterie Boulle ».
 
Sa grande invention est cependant son œuvre en bronze doré, la première de son temps à être appliquée à l’ameublement. Plus que des œuvres de marqueterie, ces réalisations deviennent des « œuvres en bronze » à l’extraordinaire richesse ornementale.
 
À travers une présentation contextuelle réunissant tapisseries, bronzes, dessins, meubles issus de grands musées et collections privées, le Museum für Angewandte Kunst de Francfort évoque l’épanouissement d’un univers qui serait « un nouveau style pour l’Europe ».

« André-Charles Boulle (1642-1732). Un nouveau style pour l’Europe », Museum für Angewandte Kunst de Francfort (Allemagne),
www.angewandtekunst-frankfurt.de, jusqu’au 31 janvier 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°620 du 1 janvier 2010, avec le titre suivant : André-Charles Boulle, marqueteur viral

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