Art contemporain

Musée des Beaux-Arts de Louviers (27)

Georges Rousse, occupation des salles

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 22 décembre 2009 - 389 mots

Fidèle à ses préceptes élaborés dans les années 1980, Georges Rousse s’empare cette fois-ci de salles abandonnées du musée des Beaux-Arts de Louviers.

Avec son compère, le commissaire d’exposition Philippe Piguet [critique d’art à L’œil] et fidèle soutien, l’artiste a produit deux nouvelles images en point d’orgue d’une présentation de vingt-six. Pour Archigraphies, qui donne lieu aussi à une publication, la rotonde de la bibliothèque, désertée par tout ouvrage ou lecteur et le salon d’honneur, vacant depuis vingt années alors même qu’il s’agit d’une des plus belles salles du musée, ont fait l’objet de toutes les attentions.
 
Dans la plus grande des pièces, Rousse est intervenu comme à son habitude : en peignant à même l’espace un monochrome noir, il redessine volumes, profondeurs, et joue de faux-semblants. L’illusion est parfaite. L’installation n’a été réalisée que dans un seul but, photographique. Elle ne se visite pas. Rousse préfère en fixer le point de vue idéal avec son appareil, son œil mécanique. Il déclarait à la presse suisse à l’ouverture d’une exposition à la galerie Guy Bärtschi : « Je m’approprie un lieu connaissant un moment tragique. J’en métamorphose, d’une manière éphémère, quelques éléments. À la fin, je prends la photo. Toute l’énergie me semble concentrée dans cette minute de jubilation, que j’ai envie de faire partager. »

Et l’entreprise peut s’avérer titanesque, quasi dérisoire dans le cas de la rotonde. Puisque les murs sont encore recouverts de boiseries et de rayonnages, Rousse a érigé une structure architectonique ajourée, blanche. Seul, en son centre, flotte étrangement un cercle peint en noir. Rousse aime ces jeux où il tiraille la logique des deux et trois dimensions. Dans un montrer-cacher époustouflant, il a reconstruit la pièce, transfiguré son abandon. Mais tout est déjà démonté et l’ancienne bibliothèque est retournée dans sa léthargie.
 
Une fugacité qui agirait presque comme un memento mori. Un espace de réflexion assurément où l’architecture se fait fiction, métamorphosée en anamorphose. Pourtant, la banalisation de logiciels de retouche d’images est venue fausser la donne, a habitué le regard à la supercherie, à une certaine méfiance. Pas évident dès lors de s’y retrouver. Mais on vous l’assure, Rousse ne triche pas. Ce qu’il souligne avec justesse, c’est la souveraineté du son regard.

« Georges Rousse », Mairie, place Ernest-Thorel, Louviers (27), tél. 02 32 09 58 55, jusqu’au 31 janvier 2010.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°620 du 1 janvier 2010, avec le titre suivant : Georges Rousse

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