Divers auteurs : "AgustÁ­ Centelles"

Centelles à découvert

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 septembre 2009 - 267 mots

AgustÁ­ Centelles (1909-1985), photographe espagnol, partage trois choses avec Robert Capa : le Leica, la guerre d’Espagne et une carrière de photoreporter aussi fulgurante que prodigieuse.

Une quatrième aussi, s’approcher au plus près de l’événement, règle d’or du reporter hongrois. À part cela, tout distingue les deux hommes. Capa était un photographe de guerre, Centelles celui d’une seule guerre, celle d’Espagne. Le premier est décédé sur le terrain des opérations, en Indochine en 1954, le second a fermé ses yeux « chez lui », à Barcelone, en 1985. Il faut bien admettre que le destin n’a pas servi Centelles de la même manière que Capa. En 1939, Centelles doit fuir l’Espagne pour la France, où il est finalement interné dans un camp, à Bram (Aude). Heureusement, la chance frappe aux portes du pénitencier : à Carcassonne, un studio de photographie cherche un employé et choisit Centelles. Mais en 1944, après avoir travaillé dans la Résistance, Centelles décide de retourner clandestinement à Barcelone, et cache à Carcassonne une malle contenant ses négatifs et son Leica. Commence alors pour lui une seconde carrière, cette fois de « simple » photographe de pub, sous un faux nom. Ce n’est qu’en 1976, après la mort de Franco, que Centelles récupère ses négatifs. C’est alors le début de sa réhabilitation. Ses clichés les plus célèbres lui sont enfin réattribués, dont ceux qui ont été pris après le bombardement de Lérida (1937). Depuis ce moment-là, Centelles partage autre chose avec Capa : avoir lui aussi marqué de son sceau l’histoire de la photo.

Divers auteurs, AgustÁ­ Centelles, Actes Sud, 258 p., 55 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°617 du 1 octobre 2009, avec le titre suivant : Divers auteurs : "AgustÁ­ Centelles"

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