Paris

Grâce à Photoquai, apprendre à voir le monde

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 23 septembre 2009 - 489 mots

Derrière la « couleur » et l’exotisme des clichés, la découverte de photographes ou l’effet de surprise qu’ils déclenchent, Photoquai nous rappelle que chaque image recèle une réalité.

Imaginée en 2007 comme une biennale des images du monde, la seconde édition (2009) de Photoquai en conserve les principes, mais resserre sa sélection. Au menu donc, les photographies toutes fraîches d’une petite cinquantaine d’artistes extra-européens exposés sur les quais bordant le musée du quai Branly. À la recherche d’une image qui prendrait ses distances avec la représentation occidento-universaliste du monde non-occidental, la biennale active une fois encore une équipe de correspondants locaux, en charge de prospecter sur le terrain. En résulte une moisson homogène posant un regard tendu et instantané sur le monde. Et comme lors de l’édition précédente, l’ancrage dans le réel s’appuie bien moins sur les vertus objectives du document photographique, que sur la construction de l’artiste, comme en témoigne le recours parfois enthousiaste aux mécanismes symboliques et aux effets poétiques, voire franchement oniriques.

L’actualité en Iran… ou presque
Reste que cette seconde édition, incidemment et durement rattrapée par l’actualité, s’énonce plus politique et certainement plus inquiète que la première. C’est que la direction artistique en a été confiée à Anahita Ghabaian Etehadieh, fondatrice de la Silk Road Gallery, relais pionnier du marché de la photographie à Téhéran. Photoquai et sa commissaire mettent alors naturellement l’Iran et sa vitalité créatrice à l’honneur, que ce soit dans l’exposition sur les quais – Abbas Kowsari, Gohar Dashti et Katayoun Karami – ou dans la brève et riche histoire de la photographie iranienne contée à l’intérieur du musée du quai Branly par deux figures du photojournalisme iranien, Bahman Jalali et Hasan Sarbakhshian. La programmation de la biennale ayant été arrêtée bien avant juin dernier, l’histoire s’arrête au seuil des récents événements. Pour prendre des nouvelles de la photographie iranienne à l’aune de son actualité la plus urgente, il faudra pousser jusqu’à la Monnaie de Paris qui se penche sur trente années de photographie documentaire iranienne et s’associe à la Biennale pour l’occasion. Ou attendre novembre et le Paris Photo qu’orchestre Catherine David, promis lui aussi à l’heure iranienne.

Autour de Photoquai
À partir du quai Branly, s’organise, à Paris, une véritable géographie de la création photographique, répartie en 9 lieux. Parmi les 10 institutions partenaires, la Maison de la culture du Japon et l’Ambassade d’Australie montrent les visions de photographes compatriotes. Près de là, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris propose une immersion dans l’univers d’un artiste-cinéaste thaïlandais. Il faut franchir la Seine pour découvrir, au Centre culturel canadien, 3 photographes interrogeant l’identité des premières nations en Amérique et, à la Monnaie de Paris, 30 ans de photographie documentaire iranienne. Plus au Nord, une rétrospective d’un artiste anglais est à voir à la BnF. À ne pas manquer non plus, les expos des galeries Baudoin Lebon, Bendana Pinel et de l’Instituto cultural de México dans le Marais. www.photoquai.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°617 du 1 octobre 2009, avec le titre suivant : Grâce à Photoquai, apprendre à voir le monde

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