Revoir Bonnard

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 26 août 2009 - 266 mots

Il est habituel qu’une œuvre d’art suscite des commentaires contrastés.

Le travail de Bonnard (1867-1947) n’échappe pas à cette règle. Picasso évoquait un « pot-pourri d’indécisions », raillant les hésitations de cet artiste incapable de choisir « de quelle teinte devrait réellement être le ciel ». À l’opposé l’un des peintres vivants les plus chers du monde, Peter Doig, né en 1959, confie : « Bonnard est pour moi un peintre qui a créé une œuvre à laquelle il faut sans cesse revenir. »
Plus de soixante peintures, aquarelles et dessins rassemblés au musée de Lodève permettent de porter un regard dépoussiéré sur une œuvre trop souvent réduite à la délicieuse évocation des bonheurs intimistes de la vie bourgeoise. La peinture de Bonnard est exigeante. Il est nécessaire de regarder longuement chaque tableau pour que l’œil perçoive peu à peu autre chose que le frémissement des petites touches de couleurs juxtaposées. Une stupéfiante maîtrise chromatique associée à une construction rigoureuse éloignée de tout souci de réalisme font de chacune de ces surfaces recouvertes de peinture une perpétuelle surprise. « Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture. » Bonnard ne travaillait jamais face au motif : il prenait des notes succinctes sur un carnet puis réinventait sur la toile un paysage, une scène d’intérieur ou un nu, habité par un beau rêve : « Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l’an 2000 avec des ailes de papillon. »

« Bonnard guetteur sensible du quotidien », musée de Lodève, square Georges-Auric, Lodève (34), www.lodeve.com, jusqu’au 1er novembre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°616 du 1 septembre 2009, avec le titre suivant : Revoir Bonnard

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