La cavalerie du Blaue Reiter

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 30 juin 2009 - 364 mots

Le « Cavalier Bleu » quitte momentanément les cimaises de la Galerie municipale de Munich (Städtische Galerie im Lenbachhaus) pour prendre ses quartiers d’été au musée Frieder Burda de Baden-Baden.

La fulgurante chevauchée du « Blaue Reiter » (1911-1914) y est synthétisée par une centaine de toiles judicieusement choisies dans la riche collection bavaroise, dont trente-trois tableaux de Kandinsky, quatorze de Gabriele Münter (compagne de Kandinsky), trois de Paul Klee, neuf d’August Macke, neuf de Franz Marc et neuf d’Alexej von Jawlensky. Un choix qui justifie pleinement une escapade sur la rive droite du Rhin. Certaines œuvres très fragiles sont prêtées pour la dernière fois par la galerie munichoise, tel le Portrait d’Alexandre Sakharoff d’Alexej von Jawlensky ou Das Blaue Pferd (Le Cheval bleu) de Franz Marc.
Insaisissable « Cavalier Bleu » ! Contrairement à « Die Brücke », fondé à Dresde en 1905 par des artistes qui travaillaient ensemble, « Der Blaue Reiter » ne fut pas une communauté d’artistes partageant les mêmes idéaux. Kandinsky, à l’initiative du projet avec Franz Marc, s’en est clairement expliqué : « En réalité, il n’y eut jamais d’association “Der Blaue Reiter”, ni aucun groupe comme on l’a si souvent écrit par erreur. Marc et moi avons pris ce qui nous paraissait digne d’être retenu et avons choisi librement sans nous préoccuper le moins du monde des opinions et souhaits des autres. C’est ainsi que nous avons décidé de diriger notre “Blaue Reiter” d’une manière dictatoriale. »
L’épopée du « Cavalier Bleu » se résume à trois événements : la réalisation d’un Almanach, paru en 1912, et l’organisation de deux expositions, en 1911 et 1912. Formidable cri de ralliement des artistes des temps nouveaux, l’Almanach a l’ambition de réaliser une synthèse des manifestations de l’art de toutes les époques et de tous les pays, abolissant les divisions traditionnelles entre l’art « officiel » et les arts populaires. L’iconographie est prodigieusement hétéroclite : des figures égyptiennes pour lanternes magiques côtoient des masques brésiliens et des dessins d’enfants. Giotto, Rubens, Picasso, Delaunay font partie des quatre-vingt-onze peintres qui figurent dans l’almanach et/ou participent aux deux expositions, en compagnie de neuf musiciens, dont Webern et Schönberg, et d’une dizaine d’écrivains.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : La cavalerie du Blaue Reiter

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