Ronan Barrot

La tempête sous un crâne de Ronan Barrot

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 29 juin 2009 - 344 mots

L’espace Fernet-Branca, avec soixante toiles, offre un large panorama de la production actuelle (2004-2009) de Ronan Barrot, jeune artiste français qui peint des tableaux clairs-obscurs où apparaissent des crânes boueux, des paysages rouge sang et des chiens enragés.

Depuis quelque temps, ce peintre de 36 ans jouit d’une belle notoriété, il faut dire qu’il vient de chez Claude Bernard, le galeriste parisien de Rebeyrolle et Bacon. D’ailleurs, quand on voit un Barrot, on ne peut s’empêcher d’évoquer ces deux figures : l’engagement physique du peintre tient lieu de principe de composition. Quand il est à son meilleur (Le Cerf), Barrot va à l’essentiel en prenant le risque d’une outrance picturale que n’aurait pas reniée le Magritte de la période « vache », mais d’aucuns considèrent déjà que ses coups de brosse impulsifs ne seraient que colères virant aux récitations, via une énième actualisation de l’expressionnisme. Il s’agit cependant de rester mesuré car on sait bien qu’en peinture il faut laisser le temps au temps pour voir jusqu’où un artiste peut aller.
Dans ce musée lumineux, le parcours est aisé mais il souffre d’une scénographie approximative. Quel dommage que l’ultime salle, où se trouvent de grandes toiles récentes à l’intérêt plastique limité (Le Carré, Nous viendrons vous chercher…), ne permette pas à l’exposition de monter en puissance ; une sélection plus sévère aurait permis d’éviter la surcharge. Autre déception, on s’étonne que la superbe série des « Vanités » soit reléguée dans un couloir dont l’étroitesse contrarie ce qui fait l’intérêt de la sérialité : liberté optique de passer de la partie au tout et vice-versa. En fait, il s’agit d’une exposition consacrant une peinture d’aujourd’hui, certes prometteuse, mais qui gagnerait à se montrer plus audacieuse, surtout lorsqu’on lit dans la fiche de visite que « Cette œuvre d’une rare intensité […] compte parmi les plus essentielles de notre temps. » Tout compte fait, cette peinture ne se rêverait-elle pas plus grande qu’elle ne l’est ?

« Ronan Barrot », espace d’art contemporain Fernet-Branca, 2, rue du Ballon Saint-Louis (68), www.museefernetbranca.fr, jusqu’au 16 août 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : La tempête sous un crâne de Ronan Barrot

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