Georges Rouault sous un nouveau jour

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 29 juin 2009 - 240 mots

L’ambiance est agitée en cette année 1897 à l’École des beaux-arts de Paris.

À la suite de manifestations contre l’admission des femmes, elle a dû fermer pendant un mois. Georges Rouault (1871-1958), élève de l’atelier Gustave Moreau, peint cette même année un Paysage de nuit appelé aussi La rixe sur le chantier. Deux hautes tours entourées de sombres bâtisses se dressent sous un ciel plombé alors que les premiers plans laissent deviner des scènes de violence. Cette gouache rehaussée de pastel possède déjà les traits les plus marquants de l’œuvre à venir du peintre : une âpreté austère mais puissante, une humeur sombre où la vigueur des modelés se heurte à la beauté des matières. « Vous êtes du pays de Shakespeare », déclare Gustave Moreau face à cette scène déconcertante.
Une soixantaine de peintures réunies au musée de l’Annonciade, réalisées entre 1897 et 1956, permettent de porter un regard dépoussiéré sur une facette peu connue de l’œuvre de Rouault : le paysage, observé (La Seine, 1901 ; Paysage de Bretagne, 1915), ou imaginaire, tels ces nombreux paysages bibliques peints dans les années 1940. Ces pâtes malaxées, torturées, ces couleurs subtilement modulées, cernées de contours sombres ou au contraire embrasées de teintes chatoyantes disent bien toute l’inventivité d’un peintre sous estimé. Tous les médiums l’intéressent : gouache, aquarelle, lavis, encre de Chine, fusain, pastel, peinture à l’huile, qu’il n’hésite jamais à mélanger ou à juxtaposer. Avec toujours une sourde inquiétude.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Georges Rouault sous un nouveau jour

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque