Les vacances de monsieur Denis

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 29 juin 2009 - 439 mots

L’œuvre de Maurice Denis est considérable et il fallait bien deux expositions simultanées pour retracer la démarche picturale d’un artiste qui ne cessa d’évoluer.

Elles ont lieu dans cette Bretagne qui l’inspira et qu’il peindra inlassablement. Le musée de Pont-Aven met l’accent sur l’influence de Gauguin et de l’École de Pont-Aven dans l’œuvre de Denis tandis que le domaine de la Roche Jagu propose une série sur le thème des plages, celles entre autres des « étés de Silencio », sa résidence estivale de Perros-Guirec.
Adolescent, Maurice Denis allait régulièrement en Bretagne avec ses parents. Familier des rivages bretons, il en gardera le goût des choses maritimes et une prédilection pour la Bretagne des plages illuminées de soleil, thème qui occupera dans son travail de peintre une place particulière. Plus tard, lorsque dans son journal il fera un bilan critique de sa carrière qui va des débuts symbolistes à celle dite classique, marquée dit-il « par quelques bons résultats », il citera contre toute attente « certaines plages » avant même sa peinture religieuse et décorative, lui le peintre chrétien.
À l’Académie Julian où il suit des études d’art, il rencontre ceux avec lesquels il créera le groupe Nabis : Sérusier, Ranson, Bonnard, Vuillard, Ibels… En 1880, Pont-Aven avait la réputation d’être une finis terrae, survivante d’un passé ancestral qui incitait les artistes peintres, écrivains et poètes à y rechercher les témoignages de racines, ailleurs disparues. Les Nabis s’y installeront ou y séjourneront régulièrement.
En 1888, c’est à Pont-Aven que Maurice Denis découvre le Talisman (ou Paysage au Bois d’Amour) peint par Sérusier sous la dictée de Gauguin. Dès lors le rayonnement de Gauguin influencera sa carrière au-delà même de sa période classique. Gauguin en réaction contre le naturalisme rejoint les préceptes de Denis selon lequel « la vision sans l’esprit est vaine ». L’exposition de 1890 au café Volpini sera le manifeste de cette rupture.
L’enseignement de Gauguin suggère une interprétation du monde extérieur, celle d’une réalité plus profonde au-delà des apparences avec l’utilisation de couleurs pures, la simplification et la planéité des formes. Le symbolisme de Maurice Denis le rejoint là où les émotions et les rêves transcendés se résument en des rapports de lignes, de tons et de teintes, avec cependant une sophistication de moyens plastiques plus poussés.
 Cette double exposition réalisée avec des points de vue nouveaux présente, outre les toiles majeures, des œuvres inédites appartenant notamment à la famille de l’artiste.

« Maurice Denis et la Bretagne », musée des Beaux-Arts de Pont-Aven (29), tél : 02 98 06 14 43, et domaine départemental de la Roche Jagu (22), www.cg22.fr/larochejagu/site, jusqu’au 5 octobre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Les vacances de monsieur Denis

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