Debré, le révolté

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 29 juin 2009 - 251 mots

Une très petite toile noire sobrement parcourue par un énigmatique réseau de lignes droites à peine perceptibles, Signe de ferveur noir (1944), ouvre l’exposition d’Olivier Debré (1920-1999) au Laac de Dunkerque.

Ferveur est certainement l’un des mots les plus pertinents qui vient à l’esprit face aux œuvres de ce peintre majeur de la seconde moitié du xxe siècle. La majesté austère de Grande Brune (1947-1952), une imposante peinture qui occupe seule le fond de la première salle, entre en singulière résonance avec des œuvres de l’immédiat après-guerre aux titres explicites : Le Mort et le Sourire du nazi (1946) ou Les Deux Pendus (1946).
Face à l’impensable, Olivier Debré ne pose pas la question de la représentation. Seul lui importe de construire une empreinte vive de sa conscience d’homme face aux infamies. Mais l’humanité ne se réduit heureusement pas à l’abjection. Dès la fin des années 1940, le peintre décide de regarder du côté de la vie, de l’homme debout.
Articulé autour de Personnage brun-rouge (1959-1960) appartenant à la collection du Laac, l’accrochage sobre et efficace permet de justes réverbérations entre les grandes encres de Chine sur papier et les peintures aux matières généreusement épaisses, aux tons sourds et terreux jusqu’au milieu des années 1950, vifs et lumineux par la suite. Face aux signes-personnages d’Olivier Debré, une phrase toute simple s’impose : ça tient comme un corps.

« Olivier Debré, Signes-personnages », Laac, Lieu d’art et action contemporaine, Dunkerque (59), tél. 03 28 29 56 00, www.museesdunkerque.wb.st, jusqu’au 20 septembre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Debré, le révolté

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