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Sous la plume de Bernard Lamarche-Vadel

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 juin 2009 - 348 mots

Flamboyant est assurément le meilleur qualificatif que l’on puisse employer pour caractériser le genre d’individu hors du commun qu’était Bernard Lamarche-Vadel (1949-2000).

Éclectique dans ses choix, il s’est fait le thuriféraire d’artistes aussi différents qu’Arman, Beuys, Gasiorowski, Opalka ou Pincemin. Figure incontournable de la scène artistique du tournant des années 1970-1980 et suivantes, il l’a notamment animée d’un souffle généreux et critique en organisant dans son loft du XVe arrondissement parisien une exposition restée culte – « Finir en beauté » (1981) – et en la célébrant de sa verve dans sa revue Artistes.

« Victoire de la Figuration libre de N.Y. à Nice, écrit-il en juin-juillet 1982, ou plus exactement, le fait est public, victoire d’une petite douzaine d’artistes, FINIR EN BEAUTÉ, comme une nappe d’acide sur les génuflexions propres et infiniment tristes des épigones minimalo-conceptio-pop, etc. » Et de poursuivre en tançant « la sénilité satisfaite des prévaricateurs modernistes ». Lamarche-Vadel maniait les mots avec la même fulgurance qu’il a vécu. Soucieux de réussir à faire passer l’idée d’une identité propre à la scène nationale, il organise en 1986 une autre exposition tout aussi mémorable, « Qu’est-ce que l’art français ? ». Il y rassemble Barré, Bertrand, Dietman, Filliou, Garouste, Gasiorowski, Hucleux, Klossowski, Opalka, Sanejouand [lire p.36] et Villeglé. Un casting pionnier qui en dit long quand on sait la fortune critique de ces derniers.

Mais « Dans l’œil du critique » – titre de l’exposition que lui consacre judicieusement le musée parisien –, il y avait aussi un regard particulièrement aigu pour la photographie. Il a été le discret conseiller de l’Artothèque de Vitré, en Bretagne, qui lui doit de posséder aujourd’hui une collection de premier plan. Gourmand de mots, BLV, comme on disait, était encore un écrivain et un précieux poète. Pour l’essentiel autobiographiques, ses écrits croisent ses préoccupations esthétiques. Ils disent cette difficulté d’être qui le conduira à l’extrême du suicide.

Voir

« Dans l’œil du critique, Bernard Lamarche-Vadel et les artistes », musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC, 11, avenue du Président Wilson, Paris XVIe, www.paris.fr, jusqu’au 6 septembre 2009.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Sous la plume de Bernard Lamarche-Vadel

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